3 août 2022,
Départ tôt à l’assaut des montagnes, j’ai hâte. Je m’arrête dans la boulangerie du village pour prendre un pain qui me permettra d’éventuellement pique-niquer dans la nature. Je passe par Vals où se déroule, comme je l’ai vu sur une affiche à Montferri la veille, une sorte de foire ou grand marché. Il est encore tôt et peu des stands ayant colonisé l’espace réservé au marché sont ouverts. Je passe néanmoins devant le stand d’un boulanger qui s’affaire autour d’un grand four à bois. Le four mobile, d’un métal qui me semble épais, est constitué d’une chambre à combustion en bas, puis de plusieurs étages, ayant chacun une porte pivotante s’ouvrant de haut en bas pour enfourner et sortir les pâtons.
J’essaye d’entamer une discussion, mais l’homme ne semble pas avoir envie d’échanger plus que de nécessaire. Je me contente alors d’observer ses gestes fluides et précis. Il place avec habileté trois pâtons sur une longue pelle en bois qu’il scarifie et les enfourne en les faisant glisser un par un à l’emplacement voulu dans le four. Évidemment, ils travaillent au levain et à la farine bio. Ils ont plusieurs types de pain à proposer, un normal, un aux olives, un aux noix et un dernier aux oignons. Dommage que je me sois chargé de pain récemment. Je décide tout de même de leur prendre un pain aux noix qui, me dit un jeune qui doit être apprenti, peut se garder au moins 5 jours. Ce qui n’a rien d’étonnant vu la façon de travailler.
Passé une partie de route courte mais bien roulante quelques kilomètres après Vals, je me dirige vers les montagnes et m’arrête emplir ma réserve d’eau à la Riba. Je continue ma route qui se peuple de plus en plus d’arbres plus verts que la végétation du littoral. La route serpente dans la montagne en longeant le lit d’un cours d’eau qui la creuse. Les paysages que je traverse sont pourvus d’une végétation qui rappelle celle qui ceinture le mont Ventoux. Le relief me fait penser à celui du Vercors, en moins abrupte et plus émoussé, formant de longues falaises aux sommets arrondis.

Je me sens bien au milieu de cette nature traversée ponctuellement par quelques voitures et cyclistes sur ces petites routes. La température monte doucement, j’ai repéré plusieurs piscines naturelles à visiter, qui me permettront de me rafraîchir. La première se trouve en contrebas de « El pinetell ». Il semblerait qu’on puisse aussi accéder à celle-ci de plus bas, mais j’ai l’impression qu’il faut marcher plus longtemps. Je décide de monter jusqu’au village ; un couple de retraités de passage se trouve à l’entrée, chacun occupé à son activité paisible : lecture et peinture. Le village paraît désert, peut-être à cause de la chaleur qui pousse à se retrancher au frais, seuls la présence de linge étendu et quelques chiens aboyant sur mon passage en attestent le contraire. Je finis par trouver le chemin indiquant la piscine naturelle du coin : le « toll de l’esqueix » ou « esqueixa » comme on peut le voir sur certains panneaux. Il est joliment encadré de pierres qui se touchent presque tout du long de la première partie. Après m’être enfoncé un peu dans la forêt avec mon vélo sur une partie encore plane, je décide de stationner celui-ci à l’ombre. Je ne prends avec moi qu’une sacoche contenant de quoi faire ma lessive, me baigner et déjeuner.

Le chemin traverse une forêt de pins maritimes dont j’apprécie particulièrement le chant lorsque de légères brises s’engouffrent dans leur branches. La pente descendante commence, les pins sont, dans cette partie, de petits arbustes qui me laissent apprécier une montagne couverte de vert. A l’approche de la cascade, la pente s’accentue, le chemin devient plus rocailleux et les dernières dizaines de mètres passent au travers de deux énormes roches dans un chemin étroit se terminant sur quelques mètres qui nécessitent l’usage des quatre membres ou au moins trois, pour passer.


J’arrive sur un petit cours d’eau qui contourne un gros rocher pour se jeter ensuite dans un réservoir d’eau clair en une petite cascade. Trois jeunes sont installés à l’ombre sur les rochers plans se terminant en cascade de ce lieu magique. Après un essai infructueux, je parviens à les rejoindre. Je me défais de mes affaires et entreprends de me jeter à l’eau. Un des jeunes m’indique qu’il se laisse glisser sur la roche où s’écoule la cascade avant de sauter dans la retenue d’eau pour ne pas être trop haut et risquer de se blesser avec certains rochers peu profonds. Il m’indique que l’on peut remonter par un petit trou entre les rochers. Je saute, l’eau froide fait un grand bien avec ces températures. Je me prélasse un moment puis remonte par le trou en me faufilant comme je peux puisqu’il ne laisse pas plus d’espace que pour passer la tête et les épaules. Vu de l’extérieur la scène doit être intéressante puisque la demoiselle du groupe de jeunes dit qu’on dirait que la pierre est en train de m’enfanter.


Rafraîchi, je m’occupe de laver mes vêtements puis de les étendre sur les pierres chaudes. Je m’installe ensuite à l’ombre des pierres pour entamer mon casse-croûte, privilégiant le pain blanc de la boulangerie qui se conservera moins longtemps. Je termine le repas par une bonne tranche de pain aux noix accompagné de miel. Repu, je m’installe sur une pierre, muni d’un caillou, et je commence à ouvrir ma réserve d’amandes, qui doit peser un bon kilo et demi, en les brisant une par une sur la roche. Un long processus dont le résultat est récompensé par le goût sans pareil des amandes fraîches. J’en offre à mes voisins, très sympathiques, qui acceptent volontiers. Nous discutons des stratégies à adopter pour sauter dans l’eau sans se blesser. Après avoir sondé le fond je m’essaye à sauter en biais depuis le haut des roches. Pour remonter, je décide d’essayer un peu d’escalade pour remonter sur la roche qui offre de belle prises mais relativement lisses et qui pourraient s’avérer glissantes. Un des jeunes m’ayant soufflé la zone la plus propice à l’escalade, décide d’essayer et semble éprouver un peu plus de difficultés, ayant des membres plus courts que moi.



Les affaires rassemblées, je décide de partir en même temps que les jeunes venus de la côte pour découvrir ce lieu qu’ils ne connaissaient pas encore. Nous faisons un tour pour ramasser nos déchets et ceux qui ont été abandonnés sur place, heureusement peu nombreux : quelques mégots, une bouteille d’eau probablement oubliée et une paire de chaussettes. Je remonte vers mon vélo. Il doit être 14h30 et je sens dans les passages ensoleillés que le soleil est brûlant, ce n’est guère étonnant que les basses altitudes soient aussi sèches avec une intensité pareille. Je sens que le soleil tire l’eau de mon corps lorsque que le vent chaud me lèche et que les rayons s’abattent sur moi. Arrivé au vélo, je retourne dans le village et remplace mon eau par de l’eau fraîche à la fontaine puis me remets en route.
Je dois avoir une petite dizaine de kilomètres pour rejoindre mon prochain arrêt identifié pour me baigner. Je passe le village de la Farena et stationne mon vélo sur un grand parking. Je savais et maintenant sens que cet endroit sera plus fréquenté. Je parcours les deux kilomètres à pied me séparant du « toll de l’Olla » et tombe sur une rivière plus ouverte, moins encastrée dans le relief, paraissant plus désertique. La quantité d’eau se faufilant entre les pierres est plus faible. Il doit y avoir une bonne vingtaine, si ce n’est une trentaine, de personnes autour de la zone. La rivière coule jusqu’à un puits ouvert, large d’une dizaine de mètres au sommet et une bonne quinzaine de mètres au niveau du bassin. Le bassin est si profond qu’on de ne distingue pas le fond. Le sommet du puits doit se trouver à 7m de hauteur d’où certains, dont je ferai partie, se jettent dans le puits. L’eau du puits est bien fraîche et agréable, l’eau s’écoulant de la cascade est, quant à elle, bien chaude, réchauffée par les pierres et le soleil tout au long de son trajet. Après quelques sauts et deux plongeons, impressionnant ceux qui sautent qui me disent qu’il faut avoir du cran, pour ne pas dire une belle paire, pour plonger du haut du puits, je grignote un moment au soleil avant de me remettre en chemin : l’endroit est trop fréquenté pour que je m’attarde plus longtemps.
Le soleil commence à se faire moins fort et mon chemin traverse une forêt me permettant de monter en altitude sans surchauffer. Je roule jusqu’à Capafonts qui m’a été recommandé par le patron du bar de la veille. Je pense donc m’arrêter un peu. Juste avant le village, je vois indiqué un ermitage. Il me semblait, pendant mes recherches, avoir remarqué un ermitage encadré par un gros arbre qui me paraissait intéressant de visiter Je pense qu’il s’agit de celui-ci et ose le détour. Je m’engage sur un chemin en asphalte puis de terre avec une bonne allure, pressé d’arriver. Fatigué de la journée, ma roue arrière glisse et je chute. Mon guidon a bougé et j’ai perdu un déchet amassé le long de la route. Je remets en place mon guidon et abandonne le déchet que je reprendrai au retour. Enfin arrivé à l’ermitage, je constate que, malheureusement, ce n’est pas celui que j’imaginais et qu’il s’agit d’une petite chapelle sans intérêt particulier, si ce n’est qu’elle se trouve en pleine nature et que l’endroit dispose de nombreuses tables ombragées pour s’installer. Je fais donc demi-tour et me dirige vers le village.

Arrivé au village, j’en fais le tour et tombe sur le bar du coin où les petits vieux du village sont probablement en train de refaire le monde jusqu’à ce que mon vélo vienne couper court à leur débat. Ils me posent de nombreuses questions, ils me disent que maintenant l’heure est venue pour moi de manger et que la patronne cuisine bien. L’un d’eux parle un peu français et en profite pour pratiquer en me posant quelques questions. Il semble être assez direct allant droit au but dans ses interventions. Je demande à la patronne s’il est possible de manger, elle me répond positivement et me prépare un repas bien complet. Je profite de l’endroit pour écrire, d’autant plus qu’elle me dit qu’elle m’indiquera un endroit où dormir. Je m’attarde jusqu’à la nuit et me mets en quête de l’endroit indiqué. Il s’agit d’un chemin longeant le cimetière, elle me dit qu’au bout de celui-ci je serai tranquille. Je m’engage dans celui-ci et entend au bout d’un moment des aboiements au loin qui deviennent de plus en plus forts à mesure que je m’approche. Il fait une nuit assez sombre et je ne sais pas si ces chiens sont attachés ou non. Je préfère rebrousser chemin. Je regarde autour du cimetière, entre dans ce qui semble être un champ protégé d’une barrière et entendant des jurons au loin venant du village, ne sachant à qui ils sont destinés, je décide de fuir l’endroit et de continuer ma route de nuit jusqu’à trouver un endroit intéressant. Il doit être alors plus de 22h. Au bout d’approximativement 4km, je rejoins un bout de GR qui passe non loin du col de Capafonts dont je suis tout proche. Je m’engage dans celui-ci et repère des pins qui se détachent de la montagne à la lueur d’un croissant de lune. Je pousse comme je peux ma bicyclette jusqu’à l’endroit, attache mon hamac aux troncs des pins, encore vivants, mais qui ont manifestement un jour brûlé, et m’allonge dedans, soulagé.
3 réponses à “Brafim – Capafonts”
Hello
Tu te couches tard dis donc.
Fais attention à toi et essaie de ne pas tomber.
Bisous
Marraine
La fin du texte est un doublon.
Un Copier / Coller malheureux !
Merci, corrigé