Montpellier – Agde


21 juillet 2022,

Après une nuit bien mouvementée je me réveille tôt et fatigué de celle-ci. Je me rends à l’accueil du camping afin de savoir s’il est possible d’annuler ma deuxième nuit avec un voisin pareil ou au moins de changer d’emplacement. Il n’est pas possible d’annuler, alors on me trouve un autre emplacement. Je déménage mes affaires, fais ma lessive à la main dans les sanitaires et retourne à l’accueil m’adonner à l’écriture. Midi approche, je décide de passer le reste de la journée dehors jusqu’à ce que l’heure du pique-nique dansant des forrozeiros à la plage sonne.

Je commence par m’installer à la terrasse d’un restaurant de Carnon pour me restaurer. Je demande en fin de repas des indications d’activités pour l’après-midi au serveur. Il m’indique que les plages de Villeneuve-lès-Maguelone sont plus tranquilles. J’entame un trajet à vélo dans cette direction, je m’arrête chez un primeur le long de la route qui m’indique la plage des Aresquiers. Je continue mon chemin et emprunte une passerelle menant à la cathédrale de Maguelone. Je continue sur le canal du Rhone à Sète sur une petite dizaine de kilomètres sur une sorte de digue entourée par deux étangs.

Piste cyclable menant à la cathédrale de Maguelone

Je finis par atteindre la plage des Aresquiers qui m’apparait comme étant naturiste. Après un saut dans la mer, je me promène sur les galets à la recherche d’ombre. Je rentre dans un trou dans les barrières en bois qui bordent la plage jusqu’à ce que j’entende un homme m’interpeler. Je me rapproche et il me dit qu’il est interdit d’être dans cette zone et que je devrais faire attention puisque les forces de l’ordre passent parfois à vélo laissant derrière eux des amendes aussi salées que l’eau de mer. Je le remercie et me dirige donc par là où je suis entré. L’homme habillé d’une veste légère, d’un short et d’une casquette me demande « Et sinon tu cherches ? » Je lui demande quoi et avec un sourire taquin il me répond en se touchant le sexe « Devine ». Je lui dis que cela ne m’intéresse pas, il s’en va alors désolé en disant qu’il serait dans les parages si jamais mon avis venait à changer…

Fort de cette expérience, j’entame le chemin du retour vers les petits travers où nous avons rendez-vous à 18h. Je m’arrête chez le primeur prendre un fromage et une bouteille de rosé pour participer au pique-nique. J’arrive tranquillement au point de rendez-vous, je ne vois pas de tête connue de la veille alors je m’allonge à l’ombre d’un panneau pour une petite sieste. Au réveil, je croise Ricardo qui arrive tout juste et qui m’accompagne vers le petit groupe de danseurs, assemblés autour d’une table pliable sur le sable. Je sors mes victuailles à partager et commence à échanger avec les danseurs en maillot de bain.

Canal du Rhône à Sète

Danser dans le sable est agréable, la couche supérieure est meuble sans pour autant que cela en devienne désagréable en mouvement puisqu’une couche plus humide et dure fournit un appui plus stable. Je danse plusieurs fois avec Sophie, elle a du mal à suivre certains pas, alors j’adapte la danse pour que cela soit plus confortable. Elle m’étonnera en fin de soirée puisque je sens une réelle amélioration, avec des mouvements bien plus fluides et synchronisés qu’au début.

Le pique-nique durera jusque tard dans la nuit, la table débordante de mets en tout genre. Je m’intègre bien au groupe, certains finissent par me donner le nom de Lyon. Tout est prétexte à remplir son verre, trinquer, et à la rigolade. Je sympathise bien avec un Italien du nom de Silvio qui me répétera plusieurs fois « c’est bien ce que tu fais ! ». J’échange aussi avec une Brésilienne, Adriana, qui découvre que, vu mon age, je pourrais être son fils et finit par en jouer jusqu’en fin de soirée.

L’heure venue de rentrer, Silvio me propose de dormir chez lui. Vu l’heure tardive, j’accepte en me disant qu’au camping, une fois le soleil levé, je peinerai à pouvoir continuer à dormir. Je passe donc au camping défaire mon hamac au milieu de la nuit, empaqueter toutes mes affaires et repartir rejoindre l’adresse que Silvio m’a transmis. Arrivé chez lui nous discutons encore un petit moment autour d’un verre, après une douche rapide, puis nous partons nous coucher.

22 juillet 2022

Je me réveille chez Silvio qui travaille déjà depuis son salon, il semble en réunion. Je sors un reste de gâteau de la veille pour déjeuner devant mon ordinateur sur lequel je pianote, toujours à écrire mes histoires. Une fois la réunion terminée, je discute avec Silvio, j’apprends qu’il a longtemps hébergé des gens via couchsurfing. Un café pour lui, une infusion de millepertuis pour moi, je lui explique les vertus de cette plante, dont je lui ai offert quelques brins la veille en arrivant chez lui. Quand le soleil de ton cœur s’éteint, nourris-toi de celui du millepertuis. Alors tu sentiras petit à petit ton cœur s’illuminer à nouveau.

Il est temps de partir, je me rends chez un ami de longue date à Saint-Jean de Vedas. Nous partageons un bon repas et discutons des heures durant. Au moment de reprendre la route, je laisse Ryan essayer l’engin. D’abord confiant de la solidité de celui-ci, je suis pris d’un léger doute quand le vois prendre place sur le siège : Ryan est un grand gaillard imposant, une fois installé sur le vélo, celui-ci semble être un jouet entre ses mains.

Je reprends la route en direction de la mer que je rejoins par Vic-la-Gardiole. Je longe la langue de terre jusqu’à Frontignan où je rencontre la première voyageuse à vélo avec qui j’échange. Elle vient d’Irlande. Elle est partie depuis mai, elle a parfois pris le train ou le bus pour effectuer certains trajets comme par exemple des Alpes à Marseille. Elle compte rejoindre Biarritz par les Pyrénées, l’heure tournant, elle est en quête d’un camping où dormir ce soir. Pour ma part je compte pousser plus loin, sinon mon étape du lendemain sera longue.

Je dépasse Sète et longe la côte semblable au travers de entre Carnon et la Grande Motte. Je croise un nouveau cycliste, cette fois-ci français. Il se rend à Perpignan. Il pense rejoindre sa destination d’ici deux jours. Il a beaucoup circulé à vélo et me conseille certains lieux de passage comme Gruissan, Port la Nouvelle, Leucate et Collioure. Il me déconseille de suivre l’eurovélo 8 mais plutôt de longer le plus possible la côte. Nous nous séparons lorsqu’il décide de s’arrêter pour chercher un endroit où dormir sur la plage. Je décide de continuer puisque j’aurais autrement beaucoup de kilomètres à parcourir le lendemain.

Finalement je ne m’arrête que quelques kilomètres plus loin et profite de l’idée d’une nuit sur la plage. Je m’installe dans un petit renfoncement proche des barrières de bois et de la végétation afin de ne pas être trop visible depuis la plage. Un couple d’Allemands propose de m’aider à pousser mon vélo, mais je suis déjà arrivé à l’endroit que j’ai choisi pour la nuit. Je m’assois sur la plage et me nourris de mes provisions constituées des restes du pique-nique de la veille dans les travers de Carnon. Je vois le ciel menaçant assez noir mais ne m’en inquiète guère. Je profite d’un joli coucher de soleil puis commence à réfléchir à mon installation pour dormir. N’ayant pas de tente, ni serviette assez grande, je m’imagine dormir à même le sable. Je me souviens que j’ai un tarp qui pourrait me servir de protection. Je l’allonge sur le sable, prépare mon sac de couchage puis décide de me rincer dans la mer. Il fait nuit, je me dénude, me dirige vers la mer et entre dans l’eau nu. La température est aussi agréable que la sensation de l’eau sur mon corps nu. Comme la température commence à chuter, je ne m’attarde guère et retourne rapidement me sécher puis me couche, habillé d’un caleçon et couvert par mon sac de couchage ouvert. Au bout de quelques minutes le tonnerre commence à gronder. Je l’entends qui s’approche petit à petit, je compte les secondes entre le flash et le grondement.

Soudain, vers minuit il se met à pleuvoir. Je mets donc en action le plan imaginé en cas d’intempérie : je me roule dans le tarp. Cependant le vent souffle suffisamment fort pour me découvrir. Alors j’enfonce le tarp me recouvrant dans le sable depuis l’intérieur. J’entends la pluie tomber sur moi, j’ai la sensation qu’à l’impact, certains gouttes traversent le tarp en fine brume donnant une légère sensation humide. Ce n’est pas très agréable, mais pour l’instant je suis au sec. Au bout d’un moment, je sens des gouttes au niveau de mon visage reposant sur le tarp au sol. Comme je suis légèrement en pente, l’eau qui se dépose à l’extérieur sur le tarp finit par ruisseler petit à petit à l’intérieur. Je pense initialement cela anecdotique puis le ruissellement s’intensifie, je tente de l’empêcher en enfonçant le haut du tarp dans le sable mais je finis tout de même par me retrouver avec une piscine au niveau des fesses qui forment une cuvette dans le sable. Je ne peux pas rester ainsi, je décide que la solution sera de me mettre à même le sable recouvert du tarp. Je me découvre, constate que mon sac de couchage commence à être mouillé. Je secoue le tarp pour enlever une partie de l’eau, m’allonge dans le sable et me recouvre de celui-ci tout en l’enfonçant dans le sable en plusieurs endroits pour le fixer. Je suis finalement au sec, plein de sable qui colle à ma peau mouillée par la pluie et dans un sac de couchage humide. Le pluie dure encore un moment puis finit par s’arrêter. Je reste encore un moment sous le tarp puis décide de sortir la tête. Je découvre un ciel étoilé magnifique au travers de mes yeux qui s’ouvrent à moitié de fatigue, puis j’éclate d’un grand rire, mélange de joie, de soulagement et de la situation cocasse. Je contemple encore ce ciel quelques instants puis sombre dans un sommeil réparateur.


3 réponses à “Montpellier – Agde”

  1. Heureux de faire partie de cette magnifique histoire que tu es en train de vivre, très enrichissante sur le plan personnel et que tout le monde devrait pouvoir faire au moins une fois dans la vie. Très agréable la lecture, on a vraiment l’impression de vivre ces moments avec toi ! Bravo !

  2. Bonjour Fabrice,

    Bravo pour ce blog nous faisant partager tes aventures – parfois cocasses, je m’y attendais en lisant le nom de Maguelonne ! – et nombreuses rencontres / retrouvailles.

    Félicitations pour ton excellent style et tes envolées poétiques, ta débrouillardise, ta sociabilité, ton sens du partage, ta sensibilité à l’environnement, ta proximité de la nature, ta serviabilité, ta connaissance de l’herboristerie (attention, les personnes prenant des anxiolytiques et/ou antidépresseurs ne doivent pas prendre de millepertuis).

    Nous te recommandons la visite du magnifique et pittoresque village de Peyriac de mer le long d’un étang où il y a des flamands roses et une passerelle qui serpente. Un petit bijou ! Pas loin de Gruissan superbe aussi avec son vieux village, le village des chalets de « 37 2 le matin, les salines et le vignoble de Pierre Richard et son fils (dégustation possible).

    Bonne suite de périple !
    Prends bien soin de toi,

    Gros bisous des Jurassiks

    • Tout à fait, le millepertuis ne doit pas être consommé sans recherche préalable s’il y a prise de médicaments ou un problème de santé particulier. Cependant, il semblerait que l’on se soit longuement acharné à déconseiller cette plante qui à le même effet que les antidépresseurs qu’elle pourrait remplacer (merci le lobby des labos), cela inclut également les effets indésirables, qui sont très nombreux chez les antidépresseurs, et qui seraient bien moins important dans le cas du millepertuis. C’est probablement un très bon remède en cas de dépression légère. La nature fait bien les choses, souvent mieux que ce que nous ne pourrons jamais faire avec blouses de petits (ou grands) chimistes en herbe.

Répondre à Giboudeaux Claire et Christian Annuler la réponse

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