Saou – Buis-les-Baronnies


17 juillet 2022,

Je m’attendais, au vu de l’effort de la veille, à avoir le corps plus endolori qu’il ne l’a été au réveil. Il est déjà 9h, je décide d’attendre et de partir dans l’après-midi pour éviter les périodes de grosses chaleurs de la journée. Cela tombe bien, aujourd’hui à lieu la fête du picodon à Saou, animé de nombreuses activités et spectacles.

Nous préparons un pique-nique de ravioles du Royans et nous mettons en route, le vélo dans le camion de Léo, vers l’auberge des Dauphins, coincée plus haut dans la vallée de Saou. Cette auberge est un grand bâtiment constitué de grosses pierres faisant face à une grande pelouse verte entourée de cèdres probablement centenaires. Nous parcourons l’exposition intitulée balade en forêt, présentant quelques feuillage d’arbres, insectes et petits animaux que l’on peut retrouver dans cette région très riche en biodiversité.

Nous nous installons ensuite sur un banc à la fraîcheur d’un sous-bois où se cache deux cabanes sommaires en forme de tipi. Nous partageons le pique-nique et entamons une discussion allongés sur les bancs de pierre, qui se transforme rapidement en sieste.

Sieste

Arrivés à Saou, nous découvrons le village plein de vie. Des exposants venus de divers horizons, vendant toutes sortes de choses. Je discute avec un boulanger itinérant. Il n’a plus de pain, il n’en produit que peu. Le but de son activité est avant tout pédagogique. Il anime des ateliers avec les enfants dans les écoles, mais aussi dans des maisons de retraite. Il me raconte que son souvenir le plus marquant et émouvant fut dans une maison de retraite, sûrement par ce que cette activité peut rappeler comme mémoire. Nous discutons évidemment four. Le sien est un petit four dans une remorque avec suffisamment d’espace autour pour stocker une bonne partie du matériel nécessaire à la boulange. Il a été fabriqué il y a 6 ans par une entreprise qui aujourd’hui n’existe plus. Fait de tôles relativement fines, un ami a déjà du l’aider à le réparer et solidifier par quelques points de soudure. Il ressemble étrangement à celui de mes amis de Rontalon, construit sur les plans de l’atelier paysan, la différence majeure est la taille de celui-ci ainsi que de la remorque. En évoquant celui du jardin de la colocation à Lyon, plus traditionnel, en briques réfractaires, il me parle d’un four qu’il a découvert chez un ami en pierre de Biot. Le nom de ces pierres vient de l’endroit de leur extraction, il s’agit de pierres de cendre volcanique formées par la pression importante auxquelles elles ont été soumises. L’inertie calorifique est telle, qu’une fois le four chauffé une à deux heures, il est possible de cuire 2 à 3 fournées de pain !

En continuant notre tour je reconnais le stand des Jacopains, une petite boulangerie de Saint-Thomas-en-Royans. Ils vendent des produits incroyablement bons, cuits également au four à bois. Je leur prends un pain aux noix et bleu du Vercors, que je sais excellent, pour la route. Bon nombre de stands vendent des produits issus de la lavande ; on retrouve principalement de l’huile essentielle et des savons. Nous rentrons dans la boutique de la potière du village, connue pour réaliser des poteries et sculptures étonnantes. Nous ne sommes pas déçus, comme le covid nous apprend à faire l’autruche et nous conduit droit au mur, nous retrouvons des corps dont la tête est encastrée dans le support ou encore des moitiés de corps encastrées dans certaines poteries. La potière nous montre une de ses dernières sculptures qu’elle compte encastrer dans un mur en lui faisant traverser les bras.

Notre tour nous mène finalement au coin des fromagers qui vendent évidemment du picodon. Au milieu se cache un glacier qui nous rafraîchit de ses belles boules dont une spéciale fête du picodon au chèvre ! Je repasse ensuite chez le fromager qui a gagné le concours 2022 et lui prends quelques picodons pour la route. Deux d’entre eux ont des allures de cabécou du massif central : ils n’attendent qu’un peu plus de soleil pour se mettre à fondre.

Fin prêt, après avoir profité de la fanfare de Crest fanfaronnant dans les rue(lles) de Saou, j’indique à Léo qu’il est temps pour moi de partir. Nous nous dirigeons vers le camion de Léo dans lequel se trouve mon vélo quand j’aperçois Emmanuelle et Gaelle, les Lyonnaises rencontrées la veille à la soirée forro de Gigors et Lozeron, qui me débarrassent d’un couteau à fromage offert lors de l’achat des picodons.

Quelques brins de lavande en poche, nous sortons le vélo du camion. C’est le moment pour Léo de l’essayer ! Je l’aide et le retiens au début afin qu’il trouve l’équilibre sur cette faible pente descendante. Il semble bien se débrouiller et parcourt une centaine de mètres, je trotte derrière pour parer en cas de déséquilibre. L’expérience terminée je vérifie mon paquetage et m’élance vers le village. Je m’arrête une dernière fois prendre du miel de lavande pour la route chez un petit vendeur venant de Nyons. Intrigué par le vélo nous échangeons un peu, comme je passe par son chemin de retour, il me dit qu’il me klaxonnera depuis sa camionnette s’il me croise.

Cette fois-ci, je suis parti, il est 16h et le fond de l’air est encore bien chaud. Je m’élance vers le col de la Sausse que je connais bien pour l’avoir passé déjà à deux reprises dans l’autre sens. L’ascension s’étale sur de nombreux kilomètres offrant un faible dénivelé pour commencer. Je traverse Bouvière où je me suis arrêté à plusieurs reprises ; j’abandonne quelques déchets ramassés sur le bord de la route et toque à la porte d’un habitant devenu ami suite à mes passages. Il semble absent, je poursuis mon ascension. J’atteins le col aux alentours de 19h, je profite de la vue pour me restaurer un peu d’un morceau de fromage, de miel et de pain.

Col de la Sausse

Passée la vallée de Trente pas, je bifurque vers la vallée de Sainte-Jalle, puis une fois en ville, je prends la direction du col d’Ey. Je passe pars une belle allée de platanes, très ombragée, ne laissant filtrer que quelques rayons sur la route et les petites places qui l’entourent de terrains de pétanque où s’activent quelques boulistes. Sous ces feuillages bien fourni, la route se transforme en un tunnel de verdure et chlorophylle apaisant.

Allée de platanes à Sainte-Jalle

La pente est plus forte, l’ascension ne dure que 5 ou 6 kilomètres qui me paraissent longs. A deux kilomètres du sommet, je m’arrête dans une ferme demander un peu d’eau. L’exploitant produit principalement des abricots, qu’il vend bruts ou transformés en confiture. Il produit également un peu d’épeautre qu’il cherche en ce moment à moudre avec un meunier du coin. Alourdi de ces deux litres d’eau, je repars en direction du col et traverse les plantations d’abricots. Je m’arrête dans l’une d’elle pour en prélever quelques-uns. Je prends soin d’essayer de prendre les plus mûrs ayant des chances de rapidement ne plus être valorisables et n’emporte avec moi qu’une petite quantité.

J’arrive enfin au col, il doit être 20h30. J’admire la vue sur la vallée. Une voiture s’arrête, un couple de retraités en sort. Ils sont venus profiter de la vue et pique-niquer sur place pour le coucher du soleil. Ils dressent la table d’une belle salade de tomates, de rosé du Ventoux et me proposent de me joindre à eux. J’accepte et sors ce que j’ai dans mes réserves de nourriture. Ils me servent un verre de rosé et une assiette de salade tandis que je leur offre quelques morceaux du pain des Jacopain qu’ils adorent, suivi des picodons bien affinés qu’il est temps de terminer avant qu’ils ne deviennent totalement liquides. Nous terminons sur les délicieux abricots fraîchement récoltés. J’apprends qu’ils viennent de Mayenne et qu’ils adorent la région où ils viennent passer des vacances en camping depuis plusieurs années. Ils sont très sympathiques, simples, généreux, les échanges se ponctuent de moment de silence agréable offrant la possibilité de profiter pleinement de l’environnement. Le soleil commençant à être assez bas je les quitte afin de trouver un lieu de bivouac avant que le soleil se couche. Ils m’offrent une banane et du pain, le mien étant terminé, pour la route.

Je rejoins rapidement le cours de l’Ouvèze qui traverse Buis-les-Baronnies, je retrouve un endroit où je me suis baigné l’année passée. J’inspecte les lieux et décide qu’il fera l’affaire pour le bivouac. Le niveau d’eau est bien plus bas que ce que j’avais connu à la fin du mois de juin passé. La petite cascade a perdu de sa superbe avec ce débit et l’eau, cette fois-ci transparente, paraît moins bleue. Je prends un petit chemin de terre après avoir passé l’Ouvèze à gué et m’enfonce un peu dans celui-ci jusqu’à trouver deux arbres séparés d’une distance suffisante pour accueillir mon hamac.

Je finis d’installer mon hamac à la lueur d’une lune descente encore assez pleine, surpris par un crapaud se déplaçant non loin de moi. J’abandonne mes affaires pour me laver dans la rivière puis retourne me coucher.

Bivouac au bord de l’Ouvèze au lever du soleil

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