14 Juillet 2022,
8h30, je me réveille de cette belle nuit musicale par une petite infusion de plantes, le salon dortoir s’anime progressivement d’allées et venues, des viennoiseries sont apportées par une visiteuse ravivant tout le monde. Je me pose un moment pour régler quelques affaires avec mon ordinateur en attendant de retrouver Rémi et Gabriel à la ferme. J’apprends un peu plus tard qu’ils sont déjà partis. Réveillés par le soleil d’été, ils se sont rapidement mis en route afin d’éviter la chaleur de cette période caniculaire. Au vu du trajet qui m’attend, je décide de descendre à Vienne pour prendre le train jusqu’à Livron et rejoindre Baptiste qui m’attend à Eurre, petit village voisin de Crest.
Après avoir rangé mes affaires, empli mes sacs de restes de pizzas et mon camel bag d’eau fraîche, je commence à me rapprocher de la route où je retrouve Chloé à qui j’avais donné rendez-vous pour un dernier au-revoir. Je lui offre des épices qu’il me restait de la coloc de Lyon et montre à ses enfants mon curieux vélo et mes paquetages. Ils refusent d’abord de l’essayer par timidité puis se prêtent tous au jeu et montent dessus tour à tour. En discutant un peu, je fais part à Chloé de ce qu’il me manque encore. Elle m’offre ainsi une petite batterie qui me servira de batterie tampon pour récupérer l’énergie de mon moyeu dynamo avant de charger mon téléphone avec.
Je me mets à nouveau en route sous un soleil de plomb aux alentours de 11h. Heureusement, c’est principalement de la descente qui m’attend jusqu’à Givors et la via Rhona entre Givors et Vienne, bien ombragée, me permet de ne pas trop souffrir de la chaleur. Au détour d’un virage j’échange quelque mots d’anglais avec une Hollandaise en maillot de bain, avec un vélo bien chargé, curieuse du mien.

Arrivé à la gare, j’attends le train et profite de ce temps suspendu pour manger les morceaux de pizza que j’ai emmenés avec moi. J’entre dans celui-ci sans trop d’encombre malgré le format atypique de mon vélo et entame un discussion avec un cycliste. Il part vadrouiller pour un bon moment en Italie, sur son gravel tout neuf en carbone, pesant 8kg avec porte-bagage. Patrick est un homme approchant la soixantaine je dirais, qui, comme moi, travaille dans le monde de l’informatique. Un monde qui finit aussi par le fatiguer ; cependant il a trouvé un compromis qui lui convient, permettant d’ajouter de l’manquant au domaine en faisant désormais de la formation au nouveau SI (système d’information), standardisé, pour les centrales nucléaires.
Nous discutons tout au long du trajet, partageant expérience et trajet. Il a commencé peu de temps auparavant le voyage à vélo, tout d’abord en VTT, équipé d’une remorque, avec laquelle il a gravi le col du Galibier, photo à l’appui ! Il prévoit de rejoindre un ami à Freijus, en train, pour commencer son périple, avec un arrêt pour la nuit à Marseille. Il connaît une sorte de gîte, bon marché, tenu par des bonnes-sœurs incluant un dîner confectionné avec les légumes produits sur place. Je m’entends bien avec ce personnage fort sympathique. Arrivé à Valence, dernier arrêt avant Livron, un groupe de trois cyclistes bien chargés entre dans le wagon. Nous sommes obligés de réorganiser les vélos afin que tous puissent rentrer. L’opération durera presque tout le temps du trajet jusqu’à Livron, d’où je débarque peu avant 15h sous un soleil de plomb. J’ai l’impression d’entrer dans un four.
Je me mets en route pour parcourir les 15km qui me séparent d’Eurre. Je roule doucement pour ne pas surchauffer. Je m’arrête au château Pergot, peu après Allex, puisque je n’ai jamais eu l’occasion de découvrir le lieu, en profitant pour emplir ma réserve d’eau vide. C’est un lieu dont j’ai souvent entendu parler, collectif, plusieurs familles vivent sur place pour un total d’un vingtaine de personnes me semble-t-il. De nombreuses activités sont organisées dans ce lieu alternatif, des résidences d’artistes, des chantiers de construction d’éoliennes pigot, des poêles à bois, des concerts et événements culturels presque tout les week-ends. Je sais qu’il arrive même au Saunambule, un sauna ambulant dans une caravane, de s’arrêter pour offrir ses services. Je reconnais Jey, un anglais vivant sur place que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Valence lors d’un passage à la coloc du 22. Les personnes présentes au moment de mon arrivée, bien que sympathiques et accueillantes, semblent avoir besoin de tranquillité, je ne m’attarde donc guère et n’échange que peu de temps avec l’une d’elles avant de me remettre en route.
Chemin des payots, j’ai passé le bourg d’Eurre et m’attaque à la dernière petite côte très raide avant d’arriver chez Baptiste. Un bon test pour m’assurer que je suis capable de m’attaquer à de fortes pentes avec tout ce que je transporte. En arrivant j’entends un sifflement venant du jardin, où Baptiste se trouve à installer des toiles légères pour protéger les petites plantations du soleil. Leur allée de figuiers dans le jardin est chargée de figues qui cuisent au soleil. Je me délecte de quelques-unes puis passe saluer Liam dans la maison après avoir échangé avec Baptiste.
Liam est en train de travailler sur un site pour une association dont elle fait partie. Je la questionne sur la question du genre, puisqu’elle est dans une période où elle souhaite plus assumer son côté masculin et donc être genrée au masculin, même si au moment où nous échangeons elle avoue accepter et même préférer être genrée au féminin. Ayant une problématique à résoudre avec son site, je tente de l’aider comme je peux, avec mes compétences d’ingénieur, à utiliser un outil pour créer des sites que je ne connais pas et dont le fonctionnement est difficile à comprendre.
Je rencontre également Seb, le nouveau coloc estival de la maison, il est là pour l’été en sous-location. Il a un visage doux et des yeux clairs et semble très sympathique.
Après une bonne douche je contacte une amie, Anne-Claire, rencontrée à un festival de forro à Lyon en mai. Habitante de Crest, je l’espère disponible pour la rencontrer sur place, ce qui est le cas ! Je procède à une petite séance d’étirements, qui soulage bien les muscles, puis nous nous préparons, avec Baptiste, à nous rendre à Crest où nous sommes invités chez Léo, un ami commun qui fait une petite fête chez lui. Anne-Claire étant fatiguée des dernières nuits, nous commençons par la retrouver au bar des Gens Sérieux. Forcément, en discutant vélo, Baptiste découvre qu’Anne-Claire recherche un vélo de voyage. Cela tombe plutôt bien puisque Baptiste en vend un qui me sert justement pour effectuer le trajet afin de ne pas m’encombrer de mon vélo couché. Au fil de la discussion je découvre qu’une soirée forro aura lieu le lendemain dans un village à une vingtaine de kilomètres de Crest, encaissé dans le fond d’une vallée. L’idée me plaît et je pense m’attarder dans la région pour en profiter.
Je quitte le bar des Gens Sérieux une fois qu’Anne-Claire a testé le vélo à vendre, pour rejoindre Baptiste qui est déjà parti chez Léo. J’arrive à l’adresse indiquée et je découvre une sorte de vieille grange en mur de pierres probablement prélevées dans la Drôme. La maison est en chantier, les amis sont rassemblés à l’étage. Un énorme trou dans le mur de 70 cm d’épaisseur a été ouvert pour faire communiquer les deux parties du bâtiment acheté par Léo en début d’année. Je retrouve Gabriel qui me raconte son trajet de retour de Rontalon et lui laisse les affaires que je n’ai pu lui transmettre là-bas. J’apprends par les invités que Léo, bien occupé par ses convives, réalise un apprentissage en métallerie. Un domaine qu’il a toujours apprécié, notamment en soudant toutes sortes de choses lorsqu’il était aux bikers, un atelier vélo associatif, à l’INSA de Lyon.
La soirée passe et je n’ai que peu d’occasions pour échanger avec Léo. Comme la maison qu’il a acquise en février est en chantier, je lui propose mon aide puisque j’ai décidé de m’attarder une journée de plus pour profiter de la soirée forro à Gigors et Lozeron le lendemain. Léo a aussi passé quelques temps au Brésil, à Mina Gerais, où il a effectué un VIE quelques années auparavant. Sur place il a découvert le forro et je sais qu’il l’apprécie. Je lui propose donc de se joindre à moi pour la soirée du lendemain. Après encore quelques échanges je reprends la route, seul, puisque Baptiste est rentré un peu plus tôt, direction Eurre avec pour seule lumière la pleine lune. Ce trajet à la fraîcheur nocturne, est une expérience exquise.
Arrivé à la coloc des Payots, je cherche le matelas que Baptiste m’a installé dans le jardin sur un sommier de palettes. Je m’endors à la belle étoiles avec quelques branches d’arbres en premier plan de ce beau ciel étoilé.
Une réponse à “Rontalon – Eurre”
Cool pour le partage! Bonne route!