Laroles – Granada


12 septembre 2022,

Je plie rapidement bagage, une grosse journée de montagne m’attend, je dois commencer d’emblée par 1000m de dénivelé répartis sur 15km. Il faudra ensuite que je remonte un col à 1300m pour rejoindre Grenade, totalisant un dénivelé positif qui approche les 1700m pour la journée. Je redescends d’abord au bar du village prendre le petit-déjeuner à la terrasse intérieure de celui-ci donnant sur la montagne. Le gérant du camping m’a dit qu’en hiver on peut distinguer la mer depuis le village, la vue depuis la terrasse du bar vaut bien celle du camping. Après un sandwich au jambon ibérique et une tasse de thé, j’enfourche mon vélo pour rejoindre le col de la Ragua. Le temps est couvert m’offrant de bonnes conditions pour grimper. Les lacets s’enchaînent, je suis rapidement assailli par des moucherons qui ne cessent de passer dans mon champ de vision, tentant de se poser sur mes yeux. Je suis contraint d’agiter la main pour les chasser fréquemment. Ce sont d’abords 2 ou 3 moucherons, puis une bonne dizaine qui me tournent autour, ce nombre redescend puis remonte à intervalles réguliers. L’ascension en devient pénible, ils finiront par arrêter de me suivre après une bonne heure en leur mauvaise compagnie. A mi-chemin, je m’arrête ouvrir les amandes que je transporte au bord de la route. Cela m’allège d’un bon kilo et me permet de me délecter d’amandes fraîches trempées dans du miel.

Vue sur la route descendant à Laroles lors de l’ascension du col de la Ragua

Je poursuis petit à petit mon ascension, le soleil est sorti juste à temps pour réchauffer l’air frais en cette haute altitude. La végétation a fait place à des forêts de sapins qui sonnent l’approche du sommet. J’atteins enfin le point culminant de mon ascension : le « Pilar de las Yeguas ». Il coule une fontaine d’eau claire et fraîche excellente. Je me rafraîchis et emplis ma réserve d’eau. Je parcours enfin, victorieux, les derniers mètres me séparant du col. Un ouvrier traversant la route trébuche, distrait par mon vélo : « Tu as failli me faire tomber avec ton vélo ! Tu verras, de l’autre côté la vue est magnifique ». Je poursuis ma route et effectivement le col surplombe une vallée aux couleurs jaunes magnifiques où poussent quelques éoliennes : c’est une zone où s’engouffre beaucoup de vent. Je reste bien attentif pendant la descente à ne pas me faire embarquer par les bourrasques soudaines et fréquentes qui me balancent d’un côté comme de l’autre. Je m’arrête à un belvédère quelques centaines de mètres plus bas profiter de la vue en m’imaginant les endroits par lesquels je vais passer plus tard.

Vue sur la vallée de Guadix
Vue sur la vallée de Guadix
Belvédère « del Marquesado »

Pendant la descente à bonne allure, j’aperçois le château de la Calahorra, situé sur un mont au centre de la ville. Il est d’une couleur rouge foncé et trône majestueusement. Je m’arrête faire le plein de fruits chez un petit primeur qui m’indiquera la même route que celle que j’imaginais suivre. Il m’indique également qu’un village un peu plus loin est en fête. Je me dis alors que ce serait un bon endroit pour déjeuner. Arrivé à Jerez del Marquesado, je constate en effet que le centre du village est bien animé. Je demande à un ancien un endroit pour manger. Il est du village et m’indique un restaurant un peu plus bas où l’on mange bien : un « asador » où l’on prépare uniquement des grillades. On me dit d’abord que le restaurant est plein ; cependant le service n’a pas encore commencé, on me propose alors une table réservée si je ne m’attarde pas trop longuement. Je m’installe donc attendant que le service commence. On me propose une pièce de viande accompagnée de légumes, sans me présenter de carte, que j’accepte. Viendra alors une pierre semblable à du granite accompagnée d’un morceau de viande saisi en surface et coupé en petites tranches qu’il convient de faire cuire sur la pierre à l’aide de gros sel pour éviter que la viande n’accroche à celle-ci. Le repas est un délice, la viande semble être d’une grande qualité, ce qui se ressentira ensuite à l’addition, un peu salée.

Je poursuis ma route vers Guadix, à quelques kilomètres de là. J’entre alors dans de véritables décors de Far West, dans des couleurs ocres, des monts érodés, parfois lisses, parfois plus abrupts, creusés de grottes qui sont pour certaines d’entre elles agrandies au piolet et aménagées en maison troglodytes. Guadix offre un environnement inspirant qui a donné lieu à de nombreux tournages de films, notamment de Far West, dont un Indiana Jones, Indiana Jones et la dernière croisade, tourné dans le désert d’Almeria, rendant célèbre la station de train de la ville apparaissant dans une scène du film.

Gare de Guadix

Ayant encore un long trajet à parcourir, je reprends la route puis marque un arrêt à Purullena où j’aperçois en passant une maison musée troglodyte. Je décide de la visiter. Un enfant d’une dizaine d’années m’accueille et m’indique que l’entrée coûte 3€. Je le paye et il m’indique alors que je peux suivre le parcours fléché et prendre photos et vidéos. J’entre alors dans l’intimité de cette famille en passant d’abord dans la cuisine, puis dans un salon, suivi d’un couloir s’enfonçant dans la roche s’ouvrant sur une, puis une seconde chambre. J’arrive à un escalier qui monte flanqué d’une vieille photo indiquant que les maisons troglodytes sont généralement sur un étage unique et que ce couloir à été ouvert « récemment », probablement au début des années 90. J’arrive dans la partie musée de la maison, l’étage est empli d’objets anciens, bien disposés, agencés sur de vieux meubles, accrochés au mur ou encore au plafond : un solex est suspendu au-dessus du couloir menant au premier étage. Les murs ont tous été creusés à la main et au piolet ; on retrouve uniformément dans la maison des traces de pic dans les murs, attestant d’une excavation et non d’une formation naturelle. Une pièce « en chantier » expose les outils utilisés autrefois pour mener à bien un tel travail. En poursuivant dans les pièces de l’étage musée, j’observe de nombreux outils anciens dont certains me rappellent ceux de mon grand-père maternel. L’étage débouche sur une terrasse qui permet ensuite de monter à une autre maison par l’extérieur. Les murs de celle-ci sont couverts de vieux outils agricoles mais aussi du quotidien. On retrouve également les restes de la mécanique d’une vieille horloge d’église, terminant sa vie en tant que curiosité de musée.

Purullena et ses reliefs percés de maison troglodite

Après ce bel arrêt, je reprends mon chemin, franchissant les derniers petits monts avant de m’attaquer au col séparant la Peza et Quéntar. Les monts préalables avant d’arriver à la Peza me sont durs sur les jambes ; cependant, l’ascension au col depuis la Peza me paraît moins pénible de par sa relative constance au niveau de la pente. Le puerto de Blancares franchi, la descente sur Grenade est si rapide que j’arrive en ville sans m’en rendre compte, me croyant encore dans sa banlieue.

Je contacte alors mon ami Italien Amadeo, rencontré à Castellon de la Plana lors de mon arrêt à la casita verde de Guillermo. Il se rendait d’Italie à Grenade en passant par Cordoue, Séville, Gibraltar et Malaga avant de s’arrêter à Grenade. Il parcourait alors quotidiennement beaucoup plus de kilomètres que moi, plus léger avec son gravel. Il me dit qu’il pourra m’héberger, mais de préférence pas ce soir afin qu’il puisse s’organiser avec ses colocataires. Il m’indique alors l’adresse de l’oasis backpaker, une auberge de jeunesse. Je cherche l’auberge quelques minutes en me perdant dans les rues étroites du quartier de l’Albaicin puis finis par trouver l’endroit qui aura une place pour moi ce soir-là. Je gare mon vélo dans la cour intérieure de l’auberge, puis monte mes affaires après avoir satisfait la curiosité de deux Anglaises assises sur un canapé de la cour. Amadeo semble occupé ce soir, ce qui n’est pas plus mal puisque je suis fatigué de la journée de route. Je fouine alors dans le « free » frigo de l’auberge, destiné aux restes oubliés par les voyageurs, ou tout simplement aux aliments délibérément entreposés dedans. Je trouve alors un bout de poivron que je fais revenir dans de l’huile d’olive avec un reste de sauce tomate. Ils agrémentent un plat de riz aux légumes, laissé entre deux assiettes, que je fais bien réchauffer. Je passe un moment à sociabiliser avec les autres voyageurs puis pars me coucher.


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