Las Negras – Playa de los Genoveses


9 septembre 2022

Un coq au loin, les poules gambadent autour du hamac et caquettent à quelques mètres du hamac, pondant leur œuf du matin à leur endroit habituel sans que je ne semble les perturber. Je reste dans le hamac à somnoler jusqu’à ce que j’entende Dizen m’appeler. Il est à l’entrée de l’espace de vie, il est désolé de me réveiller, mais souhaite m’informer qu’il part en ville à la recherche des antibiotiques manquant. Il me demande s’il me reste un bon morceau de pain acheté la veille pour ne pas partir le ventre vide. Je lui verse du miel dessus et lui propose un sachet des galettes récupérées à Carboneras pour la route. Je lui souhaite bonne chance et il me dit qu’il essayera de revenir avec de la bonne farine pour que je puisse leur faire du pain.

Je commence la journée par une promenade, je me dirige au fond du cirque puis commence à attaquer le relief que je finis par franchir en atteignant le sommet du cirque, parfois en escaladant à moitié certaines parties plus difficiles à franchir. La vue est imprenable, je surplombe la zone et observe une plage au loin qui me paraît déserte.

Plage de San Pedro vu depuis le fond du cirque.

Je poursuis en faisant le tour du cirque par le haut. Je passe dans les hautes herbes en progressant comme je le peux avec mes tongs qui commencent doucement à ne plus en pouvoir. J’atteins le pan de montagne qui donne sur le chemin menant à San Pedro, m’offrant à nouveau une vue magnifique. Je décide de redescendre par ce flan de montagne très escarpé mais qui me paraît franchissable. Au bout de longues minutes de descente précautionneuse en semi-escalade, j’atteins à nouveau San Pedro. Je pars alors m’équiper pour nager mais abandonne rapidement l’idée au bout de quelques brasses à cause de méduses qui commencent à s’approcher de la plage.

Chemin menant à San Pedro vu depuis le cirque

Je pars alors me doucher où Dizen m’a indiqué, dans un coin tranquille caché derrière des roches colonisées par des plantes en fleurs. Je décide d’en profiter pour laver mes vêtements avec mon savon fait à base de produits naturels. Alors que je termine de rincer un dernier vêtement, j’aperçois Tobi qui s’approche. Je le salue joyeusement. Il me répond en me disant qu’il vient chercher de l’eau et tout en se servant au tuyau faisant office de douche il commence à s’énerver tout seul, puis repart en criant à demi : « I hate this place » (je hais cet endroit). Il continue en allemand, tout en s’éloignant, par des sons et des intonations effrayantes paraissant tout droit sorties des enfers.

Je me dirige alors au caroubier où sont stockées mes affaires, mais Tobi s’est installé sur place et vaque à ses occupations dans la pièce de vie. Je décide d‘étendre discrètement mes affaires sur mon vélo se trouvant plus à l’entrée et de le laisser tranquille : il n’a pas encore fumé de la journée et cela doit influencer grandement sur ses nerfs.

Mon nouvel objectif est alors d’abandonner le caroubier où se trouvent toutes mes affaires. Je réfléchis à cette idée le temps d’un tour à la plage puis décide de retourner au caroubier pour récupérer mes affaires, mais je trouve alors Tobi en train de se doucher qui, pour ne pas arranger mes affaires, m’aperçoit. Je repars donc un moment sur la plage le temps qu’il finisse son affaire. Je finis par me décider à me rapprocher pour récupérer mon matériel. J’écoute au loin ce qu’il peut bien être en train de faire et entends la radio, j’ai l’impression qu’il est maintenant installé sur le canapé. Je l’appelle en m’approchant de l’entrée. N’entendant pas de réponse j’entre dans l’espace et le trouve assis sur le canapé. Je lui dis que je vais rassembler mes affaires et le laisser en paix. Il me dit alors, toujours un peu énervé : « Oui, va-t-en, je n’avais pas fumé, je n’aime pas les gens, je suis comme ça ». Puis il s’énerve réellement depuis son canapé alors que je termine de décrocher mon hamac. En terminant par : « Dégage, sale capitaliste avec ton vélo à 5 000 balles ». Heureusement pour moi, il s’agit uniquement d’un accès de colère accompagné de mouvements brassant de l’air. Je dégage au plus vite mon vélo de la zone en perdant au passage une socquette achetée quelques temps plus tôt que je n’ai nullement envie de retourner chercher.

Je finis d’empaqueter mes affaires un peu plus haut et constate que ma roue avant est crevée… Je m’éloigne alors au niveau du robinet de source en face de la plage où une famille de touristes s’est installée pour déjeuner. Encore sous le choc de cette altercation, je n’ai qu’une idée : quitter l’endroit. Je demande aux touristes s’ils connaissent l’horaire des bâteaux et ils m’indiquent que le prochain est à 16h30. Il est 14h30 ; je commence alors par réparer ma crevaison par une rustine, puis l’opération terminée, je sors de quoi déjeuner. La famille d’Espagnols sûrement pris de pitié par ma situation, me propose d’abord une tomate, puis un bout de pain, puis un morceau de saucisson. Je finis alors par rejoindre leur groupe et discuter avec eux. Cette famille est très sympathique, venant de la Galice ; leur rencontre me réconforte et me fait grand bien après cet incident de fin de matinée. Ils m’offriront encore un reste de salade de pâtes ainsi qu’une petite conserve de calamar en sauce pour la route : c’est autant de poids en moins qu’ils auront à transporter pour le retour.

J’attends patiemment le bâteau qui finit par arriver. Il y en a deux, je leur dis que je souhaite rentrer en leur expliquant que l’on m’a informé que je pouvais rentrer quand je le souhaitais. Ils me disent alors que cela ne va pas être possible et qu’effectivement je peux rentrer lorsque je le souhaite mais uniquement le matin, lorsque les bâteaux amènent les touristes et repartent à vide. Finalement en parlementant un peu et vu la quantité de passagers, je finis par pouvoir entrer dans un bâteau. Je suis maintenant tranquille d’esprit, ravi de « toucher terre » à las Negras. Je pars fêter ce retour par une bière au citron à la « Bodeguilla », le petit bar que j’ai découvert la veille, puis enfourche mon vélo pour me rendre à San José. J’atteins rapidement la ville, je m’attarde dans une boulangerie prendre de quoi pique-niquer puis pars en direction des plages du parc de Cabo de Gata.

Vue depuis le mirador de « la amatista »

Je m’arrête discuter avec deux Françaises de Toulouse arrêtées le long de la route, non loin de la plage des Genoveses. Elles me conseillent l’endroit qu’elles viennent visiter depuis de nombreuses années. Je rejoins cette plage, bien connue pour avoir servi de décor à de nombreux films et aperçoit une zone où se trouvent quelques eucalyptus. Je rejoins le chemin me permettant d’acheminer mon vélo sans difficulté à l’endroit puis commence à installer mon bivouac sous les arbres, faisant fuir un petit lapin au passage. Mon couchage installé, je m’installe alors sur la plage pour dîner avec pour spectacle une lune orange, presque pleine, au-dessus d’une mer calme tachée par des reflets oranges de la lune.

Coucher de soleil peu avant la plage de « los Genoveses »
Pique-nique sur la plage à la lueur d’une lune orange

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