La Hoya – Carboneras


7 septembre 2022

Je quitte le parc de la « Salud » animé par le désir de rejoindre enfin l’Andalousie. Je redescends à La Hoya en profitant de la superbe vue depuis la colline du parc. Je rejoins les routes de campagne au centre de la vallée qui me mèneront directement à Pozo de la Higuera, situé à cheval entre les deux régions.

Vue matinal depuis le parc de la « salud »

Je traverse un paysage agricole où poussent moins de serres que sur le littoral plus aride. La terre semble plus propice à la culture, mais ces étendues de champs nus au soleil ne donnent pas l’impression qu’elle héberge beaucoup de vie et elle m’a tout l’air d’être dopée aux engrais. Certains tracteurs travaillent la terre qui s’évapore dans des nuages de poussière impressionnants. Le passage dans la vallée est marqué par des odeurs de légumes trop mûrs pour être vendus se décomposant sur place et autres effluves de « la ferme » lorsque je passe à côté de ce qui semble de grands poulaillers. Ces odeurs, plus ou moins marquées, m’accompagneront pendant de nombreux kilomètres presque jusqu’à la frontière marquant la division entre la région de Murcia et l’Andalousie. Je m’arrête à Pozo de la Higuera dans un petit bar pour un almuerzo tardif puis je reprends la route.

Tracteur travaillant la terre dans une traînée de poussière

Je continue à rouler un bon moment jusqu’à m’approcher de Villaricos. J’ai alors l’impression de manquer de pression dans mon pneu arrière. Je m’arrête pour contrôler à la main et constate qu’effectivement je dois encore avoir une crevaison lente : c’est le troisième souci en trois jours. Je poursuis alors un peu plus loin jusqu’à un chiringuito où je décide de m’arrêter pour déjeuner. Je profite de l’attente du plat de pâtes à l’encre de sèche pour procéder à la réparation de ma roue arrière.

Rassasié, je pars effectuer quelques brasses jusqu’à la bouée des 100m habituelle puis me remets en route après une pause écriture. Je passe Garrucha, que j’imaginais initialement comme étape du jour, pour me diriger vers Carboneras, situé dans le parc de Cabo de Gata. La côte laisse place à des monts culminant à quelques centaines de mètres que je commence à gravir petit à petit. J’atteins le mirador de la Granatilla, dernière difficulté du jour. Le poniente souffle fort au sommet, mon vélo appuyé sur sa béquille est secoué par le vent, si bien que je sens qu’une bourrasque pourrait bien le faire tomber. Je le place alors face au vent pour éviter cela. Le mirador marque le début du parc de Cabo de Gata et offre une vue imprenable sur la page « del Algarrobico ».

Ascension vers le mirador de « Granatilla »
Vue sur la page « del Algarrobico » depuis le mirador de « Granatilla »

Je descends vers Carboneras après un temps d’observation, puis me dirige vers la plage de Carboneras en centre ville. Je repère les douches de plage et commence à m’installer pour me laver moi ainsi que mes habits : un moment attendu puisque que je n’ai pu me doucher la veille. Alors que je m’installe, un vendeur d’artisanat me pose quelques questions à propos de mon vélo. Il me paraît très sympathique. Je me douche d’abord en me savonnant, vêtu de mes habits pour les nettoyer, puis en maillot de bain pour laver ma peau. Propre, je prends le temps de discuter plus longuement avec mon ami vendeur d’artisanat qui commentait ma maison roulante avec un autre couple de vendeurs en train de s’installer. Je lui dis que j’ai besoin de trouver de quoi manger et il m’indique alors l’emplacement d’un supermarché non loin de là. Je pars faire quelques achats puis retourne sur la plage m’installer sur le muret à côté du vendeur pour pique-niquer puisque je trouvais l’endroit plaisant.

J’apprends au cours de la soirée que mon ami vendeur d’artisanat était avant cuisinier. Fatigué du travail qu’il trouvait éprouvant, il s’est mis à vendre ces articles qu’il achète en Thaïlande pour une bouchée de pain et revend en Espagne au prix fort. Je lui dis que je compte rendre visite à mon frère en Thaïlande et il m’apprend alors que la durée de séjour autorisé sans nécessiter de visa va passer de 30 à 45 jours en octobre. Je découvre ensuite en faisant des recherches qu’il s’agit d’une mesure du gouvernement pour favoriser le tourisme, bien mis à mal par l’épidémie de Covid. Il me conseille également de nombreux endroits et plages à visiter dans le parc de Cabo de Gata. Notamment ses plages favorites. Il me dit que je devrais pouvoir dormir sur la plage en face de son stand, mais que si je souhaite être plus tranquille, la plage « del Corral » devrait être plus adaptée. Un ami du vendeur le rejoint, ils discutent ensemble puis avec moi. Il a apporté des beignets de poivrons qu’il me propose de goûter et finit par partager avec moi. Il est impressionné par mon voyage, il souhaite m’aider à sa manière en me donnant des réserves de nourriture qu’il a chez lui. Il me propose de le retrouver le lendemain pour me charger de ce qu’il peut me proposer. Nous échangeons nos contacts, puis je me dirige vers la plage que m’a indiquée le vendeur.

Je passe une zone industrielle de nuit, puis devant ce qui me semble être une sorte de cimenterie. L’installation est illuminée, de grands bruits attestent de son activité nocturne. L’ambiance me donne l’impression d’être dans un décor de science fiction. Je rejoins la plage qui se trouve non loin de la cimenterie. J’entends encore les bruits de la cimenterie au loin. Je poursuis jusqu’au bout de l’avancée de terre battue où sont garées quelques voitures dont un camion qui semble aménagé. Je descends sur la plage à environ deux ou trois mètres en contrebas sur un bout de plage où le relief couvre le vacarme lointain de la cimenterie. Je m’installe sur une plage de sable grossier où plutôt de tous petits cailloux. Installé sur mon tarp, dans mon sac de couchage, j’entends une voiture arriver sur l’avancée en terre battue. Je constate qu’il s’agit de la police. Leurs phares m’ont éclairé alors qu’ils approchaient mais je doute qu’ils ne m’aient vu. Ils s’arrêtent à côté de la fourgonnette aménagée qu’ils sont venus déloger. Je les entends toquer sur la carrosserie, des bruits de voix lointains. Je ne sais trop quelle conduite adopter, je décide de ranger en vrac mon sac de couchage dans une sacoche afin de prétendre à un arrêt pour observer la nuit étoilée sur la plage. Personne ne vient me perturber jusqu’à ce que la fourgonnette ainsi que la police s’en aille.

Je me pense alors tranquille jusqu’à ce qu’un autre camion, quelques minutes plus tard, que je pense initialement être le même, ne vienne s’installer un peu plus loin sur le chemin, plus proche de moi. Une fois les bruits de portières et d’installation passés, je commence à me faire attaquer par quelques moustiques. Je décide alors de me rapprocher de l’eau où je serais plus exposé au vent, et moins proche de la zone où je me trouve qui me semble propice au développement de moustiques. Alors que je me lève pour déplacer mes affaires, j’aperçois les deux silhouettes du couple qui semble alors en train ou du moins en instance de copuler appuyé sur le camion. Je m’éloigne alors sur la plage et me retrouve enfin tranquille, abandonné par les moustiques sans autres péripéties nocturnes.


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