Ibiza – Alboraia


23 Août 2022,

Je me réveille au bout de la magnifique pointe de la « cala bonita » où j’ai passé la nuit. Quelques jeunes naturistes se sont installés sur la plage pour un bain de mer. Je décide de m’immerger avec mes lunettes pour nager un peu et observer la faune locale qui peuple la zone. Je ne trouve que quelques poissons et beaucoup d’algues recouvrant une bonne partie du fond marin. Je me pose ensuite sur le tapis d’algues pour déjeuner puis me mets en chemin. Nous avons convenu avec un Warmshower que j’ai contacté, ne pouvant m’héberger faute d’espace, d’essayer de nous rencontrer dans la matinée.

Baie de la « Cala Bonita »
Cabane le long des roches de la « Cala Bonita »
Bosquet du bivouac

Je décide de suivre le chemin qui descend à la calanque effectuant une boucle remontant à la route. Cependant je finis par tomber sur un chemin pédestre, ayant probablement raté une intersection. Je poursuis celui-ci d’abord assez praticable puis présentant de nombreuses difficultés, passage de murets en pierres d’un mètre de haut, passage étroit au bord de larges trous, puis pour couronner le tout, je me trouve face à une montagne de terre en pente très forte ressemblant plus à du sable derrière laquelle se cache un chantier. Je repère le terrain, grillagé pour empêcher l’accès au chantier, puis finis par repérer un endroit par lequel je devrais pouvoir passer. Je longe la montagne de terre, infranchissable par le haut pour rejoindre une forte pente avec un sol plus ferme et tenu. Au prix de gros efforts, impliquant des sollicitations musculaires explosives intenses pour passer la bicyclette chargée de son paquetage, je finis par avoir raison de la difficulté, en nage.

Je reprends la route sur un terrain vallonné jusqu’à cala longa où je finis par être bloqué par un portail fermant la route. Je constate qu’un chemin semble rejoindre le col de la plana me permettant ainsi de poursuivre ma route. Le chemin initialement assez praticable finit par disparaître devant une grande avancée rocheuse. Je descends du vélo pour repérer la zone et constate que le chemin se poursuit sur l’avancée rocheuse qui, à nouveau, est en forte pente et me présente de grosses pierres à franchir. Je me lance à nouveau dans l’ascension en poussant le vélo petit à petit, mobilisant la force brute nécessaire aux passages les plus accidentés. Je parviens enfin par rejoindre la crête m’offrant un peu de répit. Je n’ai alors plus d’eau et observe attentivement la route à la recherche de n’importe quelle option possible pour me rafraîchir. Je tombe finalement sur un petit supermarché proposant de nombreux articles locaux. Je commence par acheter une grande bouteille d’eau fraîche accompagnée d’un bâtonnet glacé au citron et d’un demi-litre de kombucha local produit par « los fermentistas ». J’achète ensuite quelques fruits secs pour la route et reprends mon chemin vers Santa Eularia.

A la sortie de Santa Eularia, je m’arrête dans une petite épicerie où j’achète du pain pour déjeuner ainsi qu’un bocal de « sobrassana », ou soubressade en français, végétarienne, où la viande fait place à des protéines végétales, que m’a conseillée la vendeuse. Elle m’indique également une toute petite calanque tranquille où je devrais pouvoir déjeuner et me rafraîchir tranquillement. Je goûte alors la soubressade qui est excellente, on retrouve réellement le goût de la soubressade à la viande. Je me rafraîchis un peu dans la mer puis retourne à l’épicerie rendre le pot consigné que j’ai vidé dans un autre bocal. J’en profite pour acheter une boisson fraîche et écrire avant de me remettre en chemin.

Je décide de rencontrer le Warmshower au bar où il travaille puisque je n’ai pas eu de nouvelles, probablement trop occupé par son quotidien. Le bar, Es Birra, se situe à Es Canar. Je trouve rapidement l’adresse et arrive peu avant l’ouverture, les serveurs, dont Bruno, le Warmshower uruguayen, s’affaire sur la terrasse à préparer l’accueil des clients. Il m’offre une bière et nous discutons alors qu’il s’affaire autour des tables. Il vient sur l’île depuis 5 ans pour les saisons et l’habite depuis 2 ans. Il s’en sert comme « base » pour repartir en voyage une fois qu’il a suffisamment accumulé d’argent de côté pour se mettre en route. Après un moment à discuter, je le laisse travailler et m’installe pour continuer à écrire. Il passe me voir et me demander si je souhaite manger quelque chose. Je lui demande conseil et il me dit qu’il a pris pour lui une portion de frites de patates douces pour accompagner un burger « francés » à la raclette. Je décide de prendre la même chose et je finis par être servi quelques minutes plus tard, la table dressée de deux couverts : nous partageons le repas le temps de sa pause. Voisin du Brésil, il parle aussi portugais, notamment parce qu’il pratique la capoeira depuis une quinzaine d’années, ayant pour objectif de devenir professeur. Nous tentons de pratiquer un peu notre portugais mais nous finissons par revenir à l’espagnol qui nous vient alors plus naturellement. Les frites de patates douces sont excellentes, elles sont fondantes à l’intérieur, je n’en ai jamais mangé d’aussi bonnes. Le repas terminé, il m’indique un endroit plus accessible que celui que j’imaginais pour dormir. Je continue mon travail d’écriture encore un moment puis me mets en quête de l’endroit indiqué. Je m’installe dans une forêt assez sombre mais qui devrait être déserte puisque l’accès est sensé être interdit pour prévenir les feux qui ravagent la végétation en cette période. Je sacrifie une petite partie de l’eau fraîche que m’a laissée Bruno pour me désaler avec le camel bag puis m’endors tranquillement.

24 août 2022

On m’a recommandé la calanque San Vicent pour observer la faune marine. En observant la carte, je constate que je pourrais probablement profiter des douches qu’il doit y avoir le long du front de mer. Arrivé sur place, je commence par nager un peu mais n’observe rien de bien intéressant. Je fais donc demi-tour dans l’objectif de me doucher. Cependant l’eau semble coupée, toutes les douches sont à sec. Je range donc mes affaires et décide de reprendre la route après une glace. Le glacier que j’ai repéré est fermé. Je discute cependant avec deux jeunes femmes d’un restaurant de la plage, ayant pour une des tables un bateau dont on a agrandi les bords par de larges et jolies planches vernies où l’on peut s’attabler comme on le ferait à un bar. Elles me demandent si j’ai besoin de quelque chose, je leur demande alors si elles pourraient emplir ma réserve d’eau. A défaut de glace je mange le reste de raisin que j’ai en réserve sur un banc extérieur. Je remercie une des jeunes femmes pour leur bon accueil et sourire qui m’a été un précieux cadeau en cette matinée où je ressentais une carence en interaction sociale. Elle me répond en m’offrant quelques spéculoos pour la route et me souhaite bon voyage.

Je poursuis en direction de Portinax, je glane sur la route quelques amandes. Arrivé à Portinax, je trouve la zone envahie de monde comme de nombreux endroits de la zone. Je poursuis vers une calanque moins fréquentée, la cala Xuclar où je m’installe pour le déjeuner. Je termine la soubressade végétarienne accompagnée du fromage au romarin. J’observe les allées et venues sur la plage depuis un arbre sur lequel je me suis installé pour manger. Après un bain de mer je reprends la route et prend la direction de Port San Miquel. Je fais un détour en passant par Sant Llorenç de Balàfia, me faisant traverser une zone riche en cultures diverses, me permettant de me régaler de figues et raisins tout au long du chemin.

Ascension vers Sant Joan de Labritja

Arrivé à Port de Sant Miquel je trouve enfin des douches fonctionnelles sur la plage évidemment bondée. Je profite de celles-ci pour me laver ainsi que mes vêtements qui en ont cruellement besoin. Je n’ai aucune envie de me baigner dans cet endroit et pars m’installer sur un banc d’un petit parc écrire un moment avant de repartir me mettre doucement en quête d’un endroit où dormir. Je m’arrête à port San Miguel de Balansat faire emplir mon stock de nourriture puis me dirige vers San Mateu d’Albarca. Ne regardant pas forcément mon chemin fréquemment, je pars vers le nord sans m’en rendre compte et atterris dans un restaurant à Can Sulayetas. Je pense m’arrêter boire un verre et demander conseil pour la nuit, mais le lieu si bien tenu et joli m’intime de rester manger d’autant que les prix sont normaux, voire bon marché, probablement du fait que le lieu soit quelque peu isolé. Au moment de payer, je demande au barman qui est le fils de la propriétaire, trop fatiguée pour assurer le service aujourd’hui, un endroit où dormir. Il me répond qu’il n’y en a pas. Devant ce rejet, je me remets en route, de nuit, en direction du nord qui me semble isolé et empli de forêt. J’arrive dans un quartier du bout de l’île et trouve une vielle dame installée sur ce qu’il me semble être la terrasse de son restaurant. Elle me demande si elle peut m’aider et m’indique alors que je devrais pouvoir camper derrière un parking juste à côté. J’abandonne mon vélo pour repérer la zone, mais ne trouve rien d’intéressant pour attacher mon hamac. Je finis par m’installer dans un bosquet en face du restaurant d’où je suis invisible depuis la route déserte du quartier.

25 août 2022,

Agréablement surpris par Ibiza, je commence tout de même à m’en lasser : l’île est vraiment trop fréquentée et me dissuade de certains endroits qui seraient très agréables autrement. Je décide que ce sera mon dernier jour sur l’île et que je prendrai le ferry le lendemain pour rejoindre Valencia : le trajet est presque 6 fois moins cher que de revenir à Dénia. Je descends en direction de San Antoni de Portmany. Sur la route j’observe deux personnes récolter des fruits qui ressemblent à de longs haricots marrons très foncés, presque noirs, que j’ai déjà vu à plusieurs reprises. J’avais tenté de voir comment les consommer en les ouvrant afin d’extraire la graine qui se trouve être très dure. Je découvre qu’ils sont tous deux paraguayens, l’un est arrivé il y a une semaine et l’autre est là depuis plusieurs années. Ils me montrent que « l’algarroba », caroube en français, se consomme directement, la graine étant le seul déchet. C’est un fruit au goût sucré prononcé, introduit en Espagne par les Arabes qui l’utilisent depuis très longtemps comme sucre ou « chocolat » avant que Christophe Colomb ne ramène le cacao en Europe. Je le vois comme une bonne source de sucre et une bonne alternative naturelle aux barres de céréales. Appréciant fortement le goût de ce fruit j’en ramasse quelques-uns puis reprends mon chemin.

Vieil olivier poussant sous un mur

Je m’arrête dans un petit bar pour un thé puis poursuis ma route. La ville ne m’attire pas, je continue alors en longeant la mer jusqu’à la calanque Pinet, attiré par une pancarte indiquant une « reggae beach ». Il s’agit en fait d’un bar en bout de plage jouant effectivement du reggae, dont l’esprit rasta se présente sous la forme du détachement matériel substantiel qu’offre l’achat de boissons aux prix prohibitifs. Deux secouristes aquatiques viennent me voir, intrigués par mon vélo. Je leur dis que j’ai aussi la formation de sauveteur. L’un deux me dit que si je veux travailler, il peut me donner le contact de l’employeur, puisqu’il manque beaucoup de sauveteurs en ce moment. Je le remercie et lui demande plutôt un coin sympathique pour déjeuner tranquillement. Il m’indique alors de poursuivre juste après la plage où je pourrai m’installer à l’ombre d’arbres.

Je poursuis vers la côte ouest. Après un arrêt à ouvrir des amandes à l’ombre du feuillage, je poursuis en direction des calanques. Vu la circulation, je pressens qu’elles seront probablement toutes très fréquentées, ce qui ne manque pas. Je tente de descendre à la calanque d’Hort que j’imagine plus difficile d’accès. Cependant le résultat est le même si ce n’est que je dois remonter une pente qui atteint les 20 % au plus fort de la pente. Un homme à pied percevant la difficulté m’offre le reste de sa bouteille d’eau, bien apprécié sur le moment. Je termine mon tour de l’île en marquant un arrêt dans un bar me rafraîchir d’un soda juste au moment où la seule averse de mon passage sur l’île tombe, me retrouvant ainsi à l’abri.

Descente vers la « Cala Hort »

Arrivé à Eivissa, je suis assailli de sollicitations visuelles, marqué par le fourmillement de gens, des enseignes extravagantes de tout type de magasins, restaurants ou autres bars, ainsi que par de grands écrans publicitaires animés. Je me trouve une douche sur une plage, lave vêtements et corps puis retourne vers la torre del Carregador qui me semble un endroit propice pour dormir. Sur la plage je discute avec une jeune femme qui parle également français puisqu’elle a vécu en France quelques temps. Je lui offre un morceau de chocolat au gingembre que je suis en train de grignoter. Elle me dit qu’elle pense quitter Ibiza où elle se trouve depuis longtemps. Adepte du kit surf, elle me dit qu’elle sera à Tariffa à partir du 23 septembre pour une semaine de stage tout compris excepté le déjeuner.

La nuit tombée je pars installer mon hamac dans un endroit que j’ai repéré en acheminant mon vélo comme je le peux sur la colline et peine à m’endormir à cause des concerts ou autres animations en extérieur.

26 août 2022,

Je me lève au son de mon réveil, pour avoir largement le temps de ranger mes affaires et rejoindre le port même en cas d’imprévu. Je n’ai pas très bien dormi et me sens un peu gauche en sortie de hamac. Je prends la direction du port et attends l’entrée dans le ferry devant une file de voitures. L’embarcation est gigantesque, elle héberge bon nombre de camions et autres véhicules se rendant à Valencia. Je rentre dans le bateau, récupère quelques affaires et monte plusieurs étages qui m’amènent à un endroit où l’on retrouve jeux pour enfants, restaurant, bar et cafétéria. Les gens comme moi qui ont pris un billet low cost se retrouvent dans cette zone pour tout le trajet qui durera 7h. J’ai l’impression de me retrouver dans une sorte de paquebot. Je m’installe d’abord pour écrire mais je finis rapidement par manquer d’énergie et inspiration.

Lever de soleil vu depuis le mont de la « torre del Carregador »

Je trouve un canapé où je m’allonge comme bon nombre de gens font. L’endroit ressemble à un tas de corps inanimés, plus ou moins allongés ça et là. Au réveil j’entame un pique-nique puis m’installe sur une table pour être plus confortablement installé. Un homme avec de longues dreadlocks se réveille et entame une discussion avec un autre : ils se connaissent et se retrouvent par hasard dans le même bateau ! J’écoute d’une oreille distraite la conversation, reprenant mon travail d’écriture que j’abandonne par un éclat de rire lorsque leur conversation bifurque sur les space cakes artisanaux. Ils me proposent de rejoindre la conversation qui part rapidement sur l’informatique : Cas, l’homme aux dreadlocks, réalise et héberge des sites web pour ses clients. Le second, également entrepreneur, vend des systèmes de production solaire pour les particuliers. Le pont reliant les activités des deux hommes correspondrait plus ou moins à mon ancien travail d’administrateur système appliqué au domaine de l’énergie. Nous échangeons une bonne partie du trajet sur différents sujets. Cas me parle à un moment d’un lieu communautaire non loin de Valencia qui est tenu par un ami qui en est le propriétaire, cela retient mon attention et je me dis alors qu’il pourrait être intéressant de le visiter.

Le bateau arrive à bon port et il est temps de descendre. J’échange contact avec Cas qui me souhaite alors bon vent. En descendant du bateau je me dirige vers la station de train nord de Valencia. Après un petit détour, je finis par arriver à la gare où j’ai prévu de prendre un train pour Xativa afin de quitter la ville plus rapidement. Devant la gare je m’arrête chez une petite vendeuse d’horchata qui me rafraîchit de sa boisson fraîche et me charge d’un savon dont je commence à manquer.… à l’horchata !

Pendant qu’elle me sert, une jeune femme vient me voir et me demande si je voyage. Sandra fait le premier pas puisque son copain, un peu timide mais plus particulièrement intéressé, souhaiterait échanger avec moi. Je leur explique mon voyage et mes idées pour la suite en leur expliquant que j’imaginais prendre un train pour Xativa. Alfredo me pose alors quelques questions sur ma façon de voyager puisqu’il envisage d’essayer un jour le voyage à vélo. En continuant la discussion, je leur souffle que je serais bien resté à Valencia une journée supplémentaire pour profiter de la rencontre des danseurs de forro de la ville samedi soir, le lendemain. Alfredo me dit alors que, si j’en ai le besoin, ils peuvent m’héberger. Il poursuit en ajoutant qu’il a été sur Warmshower pendant un temps mais qu’il a désactivé la possibilité d’hébergement et pensait justement à se rendre à nouveau disponible. Alfredo me propose de réfléchir à la proposition en concluant la discussion en échangeant nos contacts et propose de lui répondre par message par la suite. Ils se rendent dans l’appartement de Sandra en travaux non loin de la gare. Ils s’en vont. Je rentre dans la gare, constate qu’il y a un large choix de trains pour Xativa. En réfléchissant, j’ai de nombreux vêtements à laver, cela fait une bonne semaine que je suis sur la route, un peu de répit me ferait réellement du bien. Je réponds donc à Alfredo en lui proposant de me munir de quoi préparer des « pao de queijo », le supermarché asiatique, source de fécule de manioc, se trouvant à côté de la gare du nord. Il me répond qu’ils me recevront avec plaisir et que l’idée lui plaît bien.

Je poursuis ma quête d’ingrédients dans un autre supermarché pour acheter du fromage. J’abandonne ma bicyclette à une mendiante qui me dit qu’elle aimerait que je lui achète un poulet pour nourrir sa famille. Je trouve tout ce dont j’ai besoin ainsi qu’un gros poulet abordable que je décide de prendre pour la mendiante. En sortie de magasin, je lui laisse le poulet. Elle me remercie à de nombreuses reprises en me disant qu’avec ses problèmes de santé au niveau du dos, elle ne peut plus travailler. Elle fait ce qu’elle peut pour nourrir ses enfants et se voit contrainte de mendier. Elle me souhaite beaucoup de chance, me dit que je suis une belle personne et qu’on n’en trouve peu ainsi. Je lui réponds alors que l’on vient de m’aider en me proposant de m’héberger et qu’il m’apparaît d’autant plus normal d’aider quelqu’un d’autre si je suis en capacité de le faire.

Je me dirige alors à l’adresse que m’a indiquée Alfredo pour les rejoindre à l’appartement de Sandra. Il se trouve qu’il est au balcon au moment où j’arrive dans la rue et m’interpelle en m’appelant depuis celui-ci. Il descend m’ouvrir et je monte découvrir l’appartement de Sandra. Il est bientôt fini, il leur manque encore quelques détails de finition et ils font alors du bricolage pour finir de monter quelques meubles Ikea. Je prends part au bricolage après avoir fait un petit tour de l’appartement puis le couple décide qu’il est temps de rentrer chez Alfredo en périphérie de Valencia à Alboraia, connu pour ses champs de « chuffa » ou souchet en français, ingrédient de base de l’horchata, pour éviter la pluie.

Nous montons à l’appartement où je découvre l’animal de la maison, un joli chat très tranquille un peu rondouillet. Je commence par une douche puis me mets à préparer les « pao de queijo ». J’échange avec Alfredo tantôt en espagnol, tantôt en français, puisqu’il a vécu une partie de son enfance en France et le parle encore très bien quand il n’a pas de trous de vocabulaire. N’ayant pas d’œuf à disposition, Alfredo me propose d’innover en le remplaçant par des graines de chia broyées auxquelles on ajoute de l’eau. Je l’aide ensuite à préparer une poêlée de légumes qui accompagnera les petites boules au fromage.

Sandra et Alfredo sont tous deux coordinateurs des secours en mer. Leur travail constitue à répondre au téléphone et prendre en charge les appels de détresse aussi bien des baigneurs que des navigateurs perdus en mer. Ils doivent alors choisir quels moyens mobiliser pour répondre à l’appel de détresse en prenant en compte l’urgence de la situation : envoyer un bateau de secours n’est parfois pas assez rapide pour des gens dont l’embarcation est sur le point de s’écraser contre des récifs. Je m’intéresse à leur occupation peu commune, ils m’expliquent qu’ils travaillent trois jours consécutifs et bénéficient de trois jours de repos. Il leur est difficile d’avoir une activité récurrente puisque chaque semaine les jours et horaires de travail se décalent : pendant que l’un travaille l’après-midi, l’autre travaillera de nuit pendant les trois jours, après les 3 jours de repos l’un travaillera alors de nuit et l’autre le matin.

Le ciel gronde ponctuellement laissant passer quelques averses, je me réjouis d’avoir accepté la proposition, bénéficiant d’une nuit au sec. Sandra m’apprend en regardant les informations que Xativa, la ville où je comptais me rendre est alors en proie à un violent orage. C’était définitivement la bonne solution. Après un bon repas et une belle soirée autour de la table de la cuisine je m’endors dans le lit de la chambre d’amis qu’ils me mettent à disposition.


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