21 Août 2022,
Premier jour à Formentera, je commence ma journée par un bain de mer puis sors de quoi déjeuner de mes sacoches. En faisant cela, je constate qu’une bonne partie de mon huile de coco s’est déversée dans ma sacoche de nourriture. Je commence donc ma journée par sortir tout son contenu et à la nettoyer comme je le peux. Je pars ensuite à explorer l’île en commençant par me trouver une paire de lunettes de natation et un nouveau maillot de bain pour profiter pleinement de la faune marine. J’atterris à Sant Francesc de Formentera où je trouve ce dont j’ai besoin dans un petit magasin vendant bon nombre d’articles de plage.

Je poursuis mon chemin vers la partie ouest de l’île. J’explore bon nombre de chemins de terre qui se terminent bien souvent en impasses. Je finis par tomber sur un chemin qui permet plus ou moins de rejoindre la mer où la plage a laissé place à une avancée rocheuse qui se transforme plus loin en falaise. Je trouve un petit pin offrant un peu d’ombre supplémentaire à une petite cavité dans la roche où je décide d’installer mes affaires. J’inaugure mes lunettes de natation en descendant dans l’eau à un endroit où l’on a amarré une corde aux rochers pour s’extraire de l’eau. J’ai remarqué sur la carte une grotte non loin d’ici que je n’arrive pas complètement à situer. Je commence à nager dans la direction où je pense la trouver pendant un long moment. Sur le trajet j’observe plusieurs bancs de poissons, dans l’ensemble petits, mais aux gabarits variés. Une raie se détache tranquillement d’un fond sableux à mesure que je m’approche, puis se hâte pour se dissimuler sous un rocher.

Après un petit kilomètre de nage, au moment où je pense à faire demi-tour, j’observe sur les rochers une échelle comme on les retrouve en piscine. Je nage jusqu’à celle-ci et sors de l’eau par une sorte de descente rocheuse dont j’escalade à moitié un flan pour remonter sur la falaise et rejoindre à pied mon point de départ. En escaladant, j’observe une sorte de trou rond dans la roche, pas très large, qui semble être l’entrée de la grotte que je n’aurais finalement pas trouvée, imaginant celle-ci creusée par la mer dans la falaise.


Je m’installe déjeuner en essayant une technique que m’a enseignée une amie brésilienne quelques jours plus tôt : cuire des champignons de Paris crus en frottant énergiquement des tranches entre mes paumes lubrifiées à l’huile d’olive. Je place ainsi les morceaux sur une tartine de humus et avocats dont je me délecte : le résultat est étonnant, les champignons semblent réellement être passés à la poêle.
Après un temps de méditation, je me remets en route en essayant de longer les falaises. Je passe sur de petits chemins pédestres, passant tantôt sur des roches nues, tantôt au milieu de végétation plus resserrée. Je finis par rejoindre la route pour me diriger au sud de l’île découvrir de vieilles ruines mégalithiques en compagnie d’un Espagnol en scooter qui lui aussi cherchait l’entrée du lieu.
Je continue plus loin pour rejoindre le phare. Il est accessible uniquement à pied où à vélo, les voitures étant obligées de stationner à presque 2 kilomètres de distance. On observe le phare depuis le relief peuplé d’une petite forêt en légère pente descendante se terminant par un plateau rocheux aride d’où se dresse le phare. Arrivé à celui-ci, je me rapproche d’un trou matérialisé par des cordes pour limiter les accidents où une pancarte indique qu’un chat habite la grotte en contrebas, qu’il n’est pas abandonné et qu’une association s’occupe de son bien-être. En regardant dans le trou, j’aperçois effectivement l’animal, qui semble concentré, probablement sur l’un des nombreux lézards qui peuplent la zone. Je descends par l’échelle et découvre une grotte qui s’ouvre sur la falaise jusqu’à un pic rocheux que je rejoins. J’observe la mer traversée par un voilier voguant paisiblement sur une Méditerranée calme et turquoise. Un pan de roche me semble facile et sans danger à escalader. Je remonte sur le plateau rocheux en escaladant et me remets en route.


Je m’arrête à un petit bar, je n’ai plus d’eau et la soif commence à se faire sentir. Rafraîchi et la réserve ainsi remplie, je continue mon tour de l’île. Je rencontre sur un chemin un ancien, promenant ses 4 chiens. Il est sur l’île depuis 72 ans et me dit l’avoir connue avec un unique axe routier, alors semblable au chemin sur lequel nous nous trouvons, traversant l’île. Il n’y avait alors que deux motos sur l’île est un bus qui devait ressembler à quelque chose comme un combi. Il m’indique comment poursuivre mon tour en rejoignant un chemin le long de la falaise. Il est magnifique, mais les roches souvent pointues et le chemin accidenté rendent la progression difficile et je m’étonne de la résistance de mes pneus que je maltraite réellement en passant dans cette zone.

J’atteins la tour de la Gavina qui se dresse au milieu de ce littoral aux roches abrasives. En faisant le tour de l’édifice, je trouve une corde qui pend de la porte d’entrée se situant à environ 3 ou 4 mètres de hauteur. Je vérifie la solidité de celle-ci, monte dans la tour puis en son sommet en empruntant les escaliers intérieurs. Je remarque que l’endroit scellé a été ouvert en forçant les fermetures, sûrement à coup de disqueuse.


Un peu plus loin les roches sont creusées et forment de petits canyons. Les roches sont d’un dégradé de couleurs ocres où sinue le chemin. La nuit approchant, je décide de rejoindre une zone de l’île où je pense passer la nuit à côté d’un bar qui me semble sympathique. Cependant, lorsque je traverse à nouveau Sant Francesc de Formentera, un serveur d’un restaurant intrigué par mon vélo me conseille de rester dans la zone où j’ai dormi la veille pour passer la nuit. Je me rends au restaurant indiqué où je décide de m’installer pour manger, on me propose en boisson une liqueur locale faite à base de fenouil, qui pousse un peu partout dans la région, et romarin. Je découvre la composition de la boisson lorsqu’on me laisse une bouteille en digestif, offert après une très bonne paella de fruits de mer et des beignets aux pommes accompagnés de crème glacée.

Une demoiselle vendant des bijoux à côté du restaurant m’indique que dans un village environnant se joue de la cumbia ce soir là. Je décide de le rejoindre pour tâter l’ambiance. Je fais un tour du centre ville animé de plusieurs bars et restaurants mais ne trouve rien qui ne ressemble à de la cumbia ni qui n’attire mon attention. Je décide donc de rejoindre les arbres que j’ai repérés la veille pour dormir : vu l’horaire avancé, je ne veux pas être dérangé sur la plage ou ailleurs et dormir tranquillement jusqu’à ce que je me réveille naturellement.
22 août 2022,
Réveil tardif, je range mes affaires et me dirige rapidement vers la partie est de l’île que je pense quitter à 14h. J’entame l’ascension du plateau qui constitue cette partie de l’île et profite d’une pause photo pour prendre mon billet pour me rendre à Ibiza. En regardant les horaires, je vois que je peux en prendre un plus tard, à 18h, ce qui me laissera plus le temps de découvrir le reste de l’île. Je poursuis jusqu’à El Pilar de la Mola et passe devant un restaurant où sont attablés un groupe de quatre cyclistes aussi chargés que moi. Je m’arrête donc et leur demande ce qu’ils ont prévu de faire sur l’île. Ils viennent du pays basque et ont pris 10 jours de vacances pour découvrir les deux îles. Je leur demande ce qu’ils ont trouvé d’intéressant à faire de ce côté de l’île. Ils me parlent d’une autre grotte et du phare du bout de l’île.

Je me remets en route vers la grotte, sur le chemin je collecte du raisin que je mange en chemin en guise d’eau sucrée. J’arrive à une pointe de l’île. Je remarque un morceau de bois surmonté du crâne d’un animal cornu. De petits rubans sont attachés le long du manche laissant penser à un lieu de recueillement. J’observe l’endroit un moment puis continue jusqu’à une autre pointe de l’île. Depuis celle-ci, j’observe l’entrée de la grotte que je viens tout juste de passer. Des grimpeurs sont perchés au plafond de la grande cavité qui s’ouvre sur la falaise. Je me rends dans la grotte et observe les 3 grimpeurs s’exécuter en se conseillant différentes prises en prenant mon casse-croûte, toujours constitué de pain, champignons, houmous et avocat. Je découvre que les grimpeurs habitent l’île et qu’ils viennent fréquemment s’entraîner sur ce pan de roche très technique. Je me pose ensuite sur une pierre pour écrire un moment puis quitte la grotte.


Je fais un détour par le phare avant de rejoindre El Pilar de la Mola où je retrouve le groupe de cyclistes toujours attablés au même endroit. Je m’arrête à nouveau pour partager avec eux un thé qu’ils m’offrent. En entrant dans le restaurant je trouve un étalage de fromage en vente, j’en profite pour prendre un morceau d’une pâte dont la croûte recouverte de romarin m’attire. De retour à la table des cyclistes, ils me proposent de goûter une sobrasana de leur région. Je la trouve très bonne et propose de goûter un morceau de fromage qui l’est tout autant. Je passe encore un moment à faire le plein d’interaction sociale dont je commence à manquer, en profite pour échanger nos contacts en prévision d’un futur passage en pays basque. Je reprends enfin mon chemin pour rejoindre le port de Formentera et traverser jusqu’à Ibiza
A la sortie du bateau je me mets en quête d’une douche de plage : cela fait deux jours que je ne bénéficie que d’eau de mer pour me rincer. Je me perds d’abord dans le centre historique d’Ibiza agité d’un mouvement perpétuel de passants et voitures qui circulent. Trouvant la direction que je souhaite prendre, je tombe enfin sur la plage que j’avais repérée où se trouvent effectivement des douches. Je commence par me baigner dans la mer. L’eau ne m’apparaît pas très belle, je nage tout de même un moment pour mobiliser mes bras puis me douche avec mes habits en commençant par laver ceux-ci puis moi-même. Au moment ou je commençais juste à me repasser un peu de savon à certains endroits lésés, l’eau est coupée : il est 20h et une bonne partie des douches publiques d’Ibiza sont coupées passé cet horaire. J’utilise tant bien que mal le dernier petit filet d’eau coulant encore pour retirer le savon que je viens de passer.
Mon besoin actuel le plus important étant rempli, je me mets en quête d’un endroit où je pourrais passer la nuit. Je demande à une dame qui me paraît sympathique, assise sur un banc de la terrasse de la douche, si elle aurait un endroit à m’indiquer. Elle pense que je devrais pouvoir dormir sur la plage où nous nous trouvons puisque je ne devrais pas être dérangé. Mon instinct me dit que ce n’est pas la meilleure idée : la plage est bordée de bars ou autres cabanes donnant sur une baie emplie de bateaux ancrés au large. Certes les plagistes libèrent la plage des chaises longues et parasols qui occupent une partie du sable, mais je sens que je serai probablement dérangé assez rapidement en début de journée. Je décide de passer mon chemin et me dirige vers une calanque qui semble être au bout d’un chemin de terre à quelques kilomètres d’où je me trouve après quelques dizaines de mètres de dénivelé. J’arrive enfin à la calanque « cala bonita » où se trouve un restaurant fermé qui n’ouvre qu’en journée, elle forme une sorte de petite baie avec des avancées rocheuses d’une faible hauteur. Sur le flanc gauche de la calanque, en regardant la mer, je vois au loin, proche de la pointe, quelques gros pins maritimes. L’endroit me paraît idéal pour passer la nuit. Je repère un passage assez praticable pour passer la bicyclette et me retrouve devant les pins qui offrent au sol un tapis d’épines dans un espace circulaire qui se prête aussi bien au camping qu’au bivouac en hamac.

Installé dans cet endroit magique, je détache ma sacoche de nourriture et me rends sur des pierres plus basses tapies d’algues sèches pour dîner à la belle étoile. Nous approchons de la nouvelle lune, la pollution lumineuse restant modérée, je bénéficie d’une belle vue sur la voûte étoilée, profitant de ce spectacle en écoutant Maria de Orange Blossom que m’a récemment partagée une amie. Je me sens bien et heureux d’avoir écouté mon instinct qui m’a guidé jusqu’à cet endroit.