11 août 2022,
La journée commence par une visite en solitaire du jardin de la famille s’étalant en terrasse. Je trouve un amandier qui me semble un peu sec portant tout de même une bonne quantité d’amandes. J’en collecte quelques-unes et les ouvre. Elles sont très bonnes et pas amères. J’en mange quelques-unes puis monte voir Ruben qui est éveillé, il me disait la veille qu’il ne dort que 4h par nuit sans que cela lui pose de problème de santé : pour avoir fait des analyses en hôpital, il se trouve que la quasi totalité de son sommeil est profond, couvrant les besoins d’une personne « normale ».
Je lui offre les amandes tout juste ouvertes qu’il consomme immédiatement en me remerciant. Il me propose de déjeuner avec Vega qui se lève à ce moment. Après le petit déjeuner je redescends continuer à écrire un peu, le temps que Vega et Ruben finissent de préparer les « croquetas » qui sont un plat typique. Ce plat est réalisé avec les restes d’un autre plat qui est constitué de légumes et de viandes qui mijotent longuement. Le bouillon de légumes est utilisé avec les restes de morceaux de viande pour réaliser les « croquetas » ou croquettes : on fait une sorte de béchamel en intégrant le bouillon de légume et la viande qui doit réduire de longues heures en étant remuée fréquemment. Ensuite on forme des boules avec le mélange obtenu, auquel on ajoute une chapelure avant de les plonger dans l’huile bouillante. Ils me parlent aussi de conserve de « bonito », un poisson que l’on pêche dans la région qui ressemble au thon, qu’ils réalisent eux-mêmes et que Vega adore, ils font cuire le poisson puis remplissent les bocaux qu’ils complètent avec un tiers de vinaigre et deux tiers d’huile d’olive du volume restant. Ruben me dit qu’il faut attendre au moins 3 mois pour que le vinaigre ait le temps de cuire le poisson et en extraire la saveur.
Au bout d’un moment Vega toque à ma porte en me disant que les croquettes sont prêtes. Je monte et les partage avec eux en les remerciant vivement : elles sont délicieuses. Ruben me demande par où je compte passer pour me rendre à Valencia. Il me suggère de longer la côte jusqu’à Valencia, ce qui devrait me prendre 1h30 de trajet. Il me demande ce que je connais de typique d’Espagne, je leur parle donc de l’horchata, je leur raconte alors l’histoire de l’origine du nom pour voir si ma version correspond à la leur. C’est le cas, Ruben me donne même le nom du roi en question qui est un Juan Carlos dont j’ai oublié le matricule… Ils me suggèrent alors de m’arrêter dans l’horchataria Toni à port Saplaya, juste avant Valencia pour déguster la boisson que l’on accompagne traditionnellement de « fartones », de sorte de longs beignets légers souvent nappés de sucre sur le dessus.
L’heure avance, je redescends préparer mes affaires pour pouvoir me remettre en route. Une fois terminé, Ruben et sa fille sont dans la piscine à se faire quelques passes de volley. Je décide de partager encore un peu de temps avec eux et de me joindre au jeu. Pendant une pause, j’apprends à Vega qu’elle porte le nom d’une des fusées européennes s’envolant depuis le port spatial de l’Europe : Kourou. Je finis par sortir de la piscine pour monter mes sacoches sur mon vélo. Remontant de la piscine, Ruben et Vega me proposent de nouvelles croquettes avant de partir qui seront cuites par Vega, dont je ne peux refuser la gentillesse. Une fois cuites, Vega descend dans l’appartement chercher une conserve de « bonito » qu’elle m’offre, Ruben me chargeant de deux grosses pêches supplémentaires. Devant autant d’attention, je décide de leur laisser le reste d’antésite que j’ai toujours avec moi, ce qui me donnera la sensation de moi aussi pouvoir partager avec eux un petit bout de France.
Je pars enfin, peu après 15h, je pense arriver à Valencia pour 17h. Vanessa qui s’est occupée de louer l’appartement que je partagerai avec elle et ses deux amies, elles aussi barcelonaises, me dit qu’elles arriveront finalement aussi à cet horaire. La première soirée du festival de forro commence à 18h ; ne sachant pas si elles seront pressées de se rendre au festival, je décide de ne pas traîner en chemin. Je parcours rapidement les premiers kilomètres, puis je me retrouve sur un chemin de pierres, coincé entre la mer et l’autoroute. Bien roulant au début, je me retrouve rapidement obligé de pousser le vélo sur un bon kilomètre, en plein cagnard, à cause du sable qui côtoie maintenant les pierres du chemin dans lequel mes roues s’enfoncent. Le passage difficile passé, je rejoins rapidement Port Saplaya où je trouve sans problème l’horchataria que Ruben m’a indiquée. Je m’installe en terrasse et commande une horchata granitée accompagnée des fameux beignets « fartones » que Vega adore trempés dans la boisson sucrée.

Rafraîchi et rassasié, je parcours les quelques kilomètres qui me séparent d’un de mes objectifs du voyage : Valencia. Je trouve sans encombre l’appartement et commence à monter mon vélo chargé dans le hall d’entrée de l’immeuble. Vanessa descend accompagnée de ses deux amis, Carol et Yolanda. Elles m’aident à monter mes affaires dans l’appartement qui se trouve au premier étage. Je vais pouvoir, sans trop de difficulté, monter mon vélo pour la nuit, l’appartement étant suffisamment spacieux pour qu’il ne gêne pas. Je les salue de loin, encore trempé de sueur. Je me douche immédiatement et me retrouve prêt pour le festival. Les filles doivent encore se doucher et se préparer avant de partir pour la première soirée du festival. Nous avons une paire de clefs à disposition, elles m’en laissent une pour que je puisse être autonome et en conservent une qu’elles partageront entre elles. Je décide de les attendre, en profitant de ce temps pour écrire, afin de me rendre au festival avec elles à pied.
En suivant le fil d’un groupe de discussion avec les Lyonnais descendus pour le festival, je constate qu’une partie d’entre eux devraient arriver à la soirée en même temps que moi. Après une longue marche nous arrivons enfin au lieu de la soirée, nous montons au troisième et dernier étage d’un bâtiment qui se termine en grande terrasse ouverte. On nous remet les bracelets qui nous accompagneront pour entrer aux différentes soirées et événements du festival. Je cherche les Lyonnais des yeux mais ne reconnaît pour l’instant personne. Après un petit temps d’observation, j’entame ma première danse du festival avec Carol, qui danse très bien, sur une chanson de Dona Onete. J’apprécie beaucoup son côté joueur, tout de suite mis en évidence par la musique qui se prête bien à cela. Juste après je commence à apercevoir les Lyonnais arriver petit à petit. Heureux de les voir, je m’en vais les saluer immédiatement et leur conte un peu mes aventures.
Je retrouverai aussi des têtes connues de mon passage à Barcelone, notamment Sonia, qui m’a informé des événements forro de la ville. Je croise aussi un jeune homme avec qui nous avions initié une danse à Barcelone, brutalement arrêtés par la gardienne du parc. Il ne devait initialement pas venir au festival mais un concours de circonstances en à voulu autrement. Je finis par danser avec lui en alternant les rôles. Nous apprécions tous deux autant l’un que l’autre de danser ensemble, synchronisés et connectés ensemble au rythme de la musique.
La nuit tombant n’abaisse pas suffisamment la température pour rafraîchir les danseurs ; une simple danse un peu mouvementée suffit amplement à être en sueur. Je décide de prendre l’air pour me restaurer un peu plus loin, le lieu du festival me paraît assez chic et ne semble pas proposer autre chose que des boissons. Je retourne au festival continuer à danser jusqu’à ce que sonne la fin de celui-ci, aux alentours de minuit. Cependant, un after « clandestin » est prévu dans une partie de la coulée verte qui traverse la ville. C’est Pedro BZ, le DJ résident de Barcelone qui animera celui-ci, installé sur un banc avec une enceinte à roulettes. Nous sommes installés devant le point d’eau circulaire traversé par le pont de la Mar ; rapidement des couples de danseurs commencent à patauger dans celui-ci pour se rafraîchir. L’eau arrive un peu au-dessus des chevilles et ne gêne pas la danse. Les Lyonnais s’amusent à s’asperger gentiment d’eau dans une ambiance festive. Après un bon moment passé dans le parc je décide de rentrer me reposer pour profiter du reste du festival. Lorsque j’arrive à l’appartement, les filles sont déjà couchées, je les avais vues partir bien avant moi.