Cortijo Romero – Malaga


20 septembre 2022,

J’observe depuis mon hamac un troupeau de moutons passer à une vingtaine de mètres plus loin, guidé par un berger et son chien. Ils s’arrêtent un peu plus loin pendant que je range mes affaires. Une fois tout empaqueté, je me déplace vers les bancs pour m’installer et ouvrir les amandes de la veille. J’observe le troupeau pendant que j’écrase les coques entre deux pierres. Il finit par s’en aller plus loin. Je vois ainsi le chien à l’œuvre, courant derrière le troupeau pour rabattre les moutons retardataires.

Vue sur le col de Zafarraya

Après une bonne dose d’amandes trempées dans du miel, je reprends mon chemin. La journée commence par une belle descente. Je passe devant des collines de grenadiers, des vergers de manguiers assez bas par rapport à ceux auxquels m’a habitué la Guyane. Je ne croise pas d’avocatiers, mais la région autour de Malaga est réputée pour être une zone où ils sont produits en belle quantité.

J’atteins Verez Malaga assez vite, je traverse rapidement la ville et me retrouve à Torre del Mar. Je trouve un magasin de vélos, « Bike to the future », où je m’arrête tenter ma chance pour changer mon pneu de VTT pour quelque chose de plus adapté. Coup de chance, le magasin proposant des vélos électriques en location travaille uniquement avec la marque « Schwalbe » et je trouve exactement le pneu dont j’avais besoin : un marathon plus à crans pour plus d’adhérence et bien renforcé limitant grandement les crevaisons au moyen d’une couche épaisse entre la gomme en contact avec la route et la chambre à air. Je pourrais aussi changer mon autre pneu « Schwalbe » passablement usé, mais je préfère l’achever avant de m’en débarrasser au risque de quelques crevaisons supplémentaires. Je démonte alors mes deux roues puisque je dois remplacer mon pneu VTT se trouvant à l’avant par mon pneu de route usé afin de monter le nouveau pneu « Schwalbe » renforcé à l’arrière où j’ai besoin d’adhérence et d’endurance. C’est un investissement qui m’évitera, je l’espère, tous les soucis mécaniques que j’ai eus les derniers jours. Je remercie le patron en français puisque je l’ai entendu le parler avec un client. Il est surpris de ne pas avoir reconnu mon accent puisqu’il reconnaît normalement immédiatement les Français. Il n’aura pas usage de mon pneu de VTT et m’invite à le conserver en cas de pépin comme cela m’est arrivé en début de mois. Il est belge et a travaillé un moment proche de la frontière avec la France. Je lui demande une adresse pour déjeuner, il m’indique les chiringuitos un peu plus loin sur la plage en sortant de la ville. Avant de partir je lui laisse l’adresse de mon blog, puis il m’observe démarrer, curieux de la machine, avant un dernier signe de la main.

Je trouve les chiringuitos, notamment celui qu’il m’a indiqué, mais malheureusement pour moi j’arrive après le dernier week-end d’activité de la saison. Je continue donc ma route jusqu’à Benajarafe où je tombe sur un petit restaurant qui me paraît convenable. Je m’installe en demandant conseil à la serveuse qui me recommande de prendre deux demi-portions pour goûter à plusieurs plats. Elle me conseille des anchois frais marinés au vinaigre et à l’huile ainsi qu’une autre portion de poulpe à la « flamenca » : préparé avec des morceaux de tomates et de l’œuf. Les anchois sont excellents et le poulpe merveilleux. Je profite de l’endroit pour une pause digestive d’écriture puis de la mer que je n’avais plus vue depuis un bon moment. La température de l’eau a bien baissé et rafraîchi par rapport à la température extérieure. Je fais mon aller-retour jusqu’à la bouée jaune avant de reprendre la route vers Malaga.

Je préviens Emilia, un contact forro obtenu à Grenade, de mon arrivée à Malaga en fin d’après-midi. L’auberge de jeunesse qu’elle m’a conseillée est pleine. Je cherche alors sur Internet une auberge qui aurait encore des places disponibles. J’en trouve une légèrement excentrée dans un quartier moins touristique de la ville : Terraza del Limonar. Elle a de la place pour accueillir mon vélo et me semble correcte. Je m’installe alors, profite d’une bonne douche. Je me prépare pour rencontrer Emilia un peu plus loin en ville à 20h. Je me rends sur le front de mer et décide de procéder à quelques étirements et positions de yoga en attendant l’heure. Le lieu de pratique que j’ai choisi est une sorte de place bétonnée avec quelques aménagements pour la pratique de la musculation. Installé à côté d’une fontaine d’eau potable qui sort toujours chaude au bout de quelques minutes, un Allemand entame la discussion avec moi. Nous découvrons que nous sommes logés dans la même auberge de jeunesse. Il me montre plus loin son ami allemand toujours en train de pratiquer ainsi qu’un autre Français de l’auberge assis sur un banc juste à côté. Je poursuis mes exercices et une fois terminé me rapproche du banc où sont regroupés l’Allemand et le Français. Ils me disent qu’ils étaient étonnés de mon équilibre alors que je faisais le poirier. Je ne peux alors m’empêcher de leur montrer la forme en lotus qui les épate. Nous discutons encore un instant jusqu’à ce qu’ils partent se ravitailler dans un supermarché, ce qui m’arrange bien pour m’éviter de me mettre en retard.

Je poursuis mon chemin le long du front de mer jusqu’au point de rendez-vous. Emilia m’indique qu’elle sera en retard. J’en profite pour flâner dans la zone. Je tombe par hasard sur une boulangerie travaillant au levain et au feu de bois. J’entre alors et essaye d’engager une discussion qui ne prend pas. Je goûte leurs « empanadas », n’ayant pas encore mangé en attendant la venue d’Emilia. Elle finit par arriver et s’assoit sur le banc où je suis installé depuis un moment. Nous discutons un moment puis partons nous promener le long du front de mer jusqu’au port. Nous longeons ensuite les quais bordés de restaurants et bars qui laissent place à une allée bien fréquentée où se retrouvent chanteurs, danseurs de tout style, musiciens solitaires ou non, peintres et autres artistes en tout genre. Nous cherchons alors un endroit pour danser : j’ai amené ma petite enceinte à cet effet. Après cette allée nous trouvons un endroit tranquille pour pratiquer. J’entame une première danse avec Emilia. Elle est très à l’écoute et se défend très bien pour seulement 6 mois de pratique. J’apprécie beaucoup danser avec elle et nous tournoierons sur la piste improvisée pendant un bon moment avant d’arrêter la musique et de nous balader dans le centre que je ne connais pas encore. Le centre ville est empli de bars et restaurants garnis par des rabatteurs qui proposent fréquemment une table. Nous nous arrêtons à un bar boire un verre, grignoter et papoter. Je suis content de cette rencontre et me sens chanceux. Je lui propose si elle le souhaite un atelier pain pour le lendemain : ses cours commencent la semaine prochaine, elle dispose donc de beaucoup de temps libre. Elle accepte ma proposition et nous nous séparons en nous disant à demain.

Je rentre à pied à l’auberge de jeunesse en profitant pour passer dans le parc ouvert de Malaga qui s’étale le long du port. Je l’avais repéré lorsque je recherchais une auberge de jeunesse. Il est superbe, hébergeant une belle quantité d’arbres luxuriants, ficus, palmiers, des sortes de grands balisiers. Au milieu du parc se trouve un auditorium équipé de matériel qui doit servir prochainement. Passé le parc, je suis une autre allée dont le trottoir est entièrement couvert par le feuillage d’arbres apportant une atmosphère singulière tout à fait agréable. J’arrive enfin à l’auberge de jeunesse où je croise le Français rencontré sur la plage plus tôt ainsi qu’un Colombien actuellement en service en échange de la gratuité du logement. Nous discutons un moment puis je finis par m’effondrer dans mon lit.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *