Roquetas del Mar – Laroles


11 septembre 2022,

Lorsque je me lève, je suis étonné de constater que les pêcheurs de la veille sont toujours installés sur la plage sur leur chaises pliantes. Mon sac de couchage est mouillé par la rosée. Je le laisse sécher pendant que je plie bagage puis entreprends de me rendre à l’adresse que m’a envoyée Antonio pour que nous déjeunions ensemble. Je suis sur place un peu avant l’heure convenue et l’informe alors que l’endroit est temporairement fermé. Il m’indique alors une autre zone où il me donne rendez-vous.

Je l’attends un petit moment puis nous nous installons dans une « churreria » pour manger des churros, chose que je n’ai toujours pas faite depuis que je suis en Andalousie. Je sors mon sac de couchage, encore bien humide, pour qu’il continue de sécher pendant le petit-déjeuner. Au petit-déjeuner, les churros se mangent accompagnés d’un chocolat dans lequel on trempe le churros préalablement roulé dans du sucre en vrac dans l’assiette. Antonio m’offre le petit déjeuner et me présente les rares outils qu’il a chez lui en espérant qu’ils me soient utiles pour régler mon repose-tête qui se meut de plus en plus. Il n’a rien que je n’aie déjà et qui puisse m’être utile. En revanche il m’a apporté quelques poires ainsi que deux petits gâteaux en sachets pour la route. Nous prenons encore quelques photos tout en discutant avec des amis d’Antonio qu’il croise par hasard dans la rue. Il me conseille sur l’itinéraire à suivre pour rejoindre Grenade. Il me suggère de faire étape à Ugijar, approximativement à mi-chemin entre Roquetas de Mar et Grenade.

Churros accompagné de chocolat
Antonio et l’équipage devant la churreria

Je prends la route et commence par me rendre dans un magasin de location de vélos, car ils ont souvent de petits ateliers pour entretenir le parc de bicyclettes : ce sont les seuls ouverts susceptibles de pouvoir me fournir en chambres à air et rustines le dimanche en ville. J’en trouve un rapidement qui a tout ce dont j’ai besoin, quelques outils qu’on me prête, une chambre à air et un compresseur pour vérifier la pression de mes pneus. Je m’élance sur les routes confiant. Je rejoins rapidement une zone entièrement recouverte de serres en plastique blanc. Je me rends compte de l’étendue de la zone lorsque j’entame mon ascension vers Dalias : des serres à perte de vue jusqu’à la mer dans toute la vallée, à tel point que l’on doit pouvoir l’observer depuis l’espace. Les photos aériennes de la zone sur google maps sont interpellantes. Cependant je doute qu’ils aient le choix : le soleil est si intense dans cette zone qu’une exposition directe brûlerait assurément les plantations. Je souffre d’ailleurs de la chaleur pour rejoindre Dalias, ville de pèlerinage. Je me retrouve sur une route empruntée par des pèlerins. Au vu des conditions et de l’effort, je m’imagine être l’un d’eux, Dalias devenu une sorte d’oasis à rejoindre pour me rafraîchir et me restaurer pour le déjeuner.

Panorama de serre de plastique blanche à perte de vue

J’arrive enfin à l’entrée de la ville présentant une fontaine dont je me sers pour me mouiller abondamment et faire baisser la température. Je poursuis mon ascension dans la ville en m’arrêtant à la fontaine puis dans une boulangerie pour faire le plein de pain ; on m’indique alors un lieu pour me restaurer. Je trouve le bar indiqué, plein à craquer. Je m’arrête devant le bar et un homme attablé autour d’un baril, me demande « tu viens d’où », « de Lyon », je lui réponds. Il prends alors une bière de la table, me la tend en me disant « c’est pour ta paire de couilles ». Je commence à discuter avec eux en répondant à leurs interrogations et m’installe à leur table : ils sont trois, deux hommes et une femme, qui elle aussi est cycliste. Ils m’offrent également une tapas de la table : je suis arrivé à point, un de leurs amis vient de partir juste avant qu’on lui serve la bière et la tapas qu’ils me laissent. Ils m’apprennent qu’il y a beaucoup de monde au village puisqu’il est en fête, expliquant que le bar soit aussi débordé. Au bout de quelques minutes ils partent et me laissent à la table. J’en profite pour terminer les restes de tapas dans les assiettes et commande un plat pour compléter le repas.

Je reprends mon chemin. Je m’arrête devant l’église de Dalias, j’entre alors dans ce lieu de pèlerinage pour le visiter et me recueillir. C’est avec une énergie nouvelle que je reprends ; j’attaque les prochaines côtes avant de descendre vers Berja.

Église de Dalias

Je m’arrête dans un bar plus calme pour écrire un moment puis reprends la route, à l’assaut des montagnes menant vers Grenade. L’ascension est longue, je m’arrête à plusieurs reprises, notamment pour me charger d’amandes fraîches. Je finis par venir à bout de la côte avec un dénivelé assez constant, pas trop fort. Je m’arrête à la bifurcation vers la A-348 pour prendre vers l’ouest au lieu de plein nord. La vue sur la vallée et les montagnes est incroyable, le soleil tombant doucement éclaire la montagne de belles couleurs. J’aperçois au loin Laroles, une jolie tache blanche perchée dans les montagnes un peu plus haut que l’endroit où je me trouve, de l’autre côté de la vallée. Je descends dans la vallée et atteins Cherin rapidement. J’ai alors le choix à ce moment de bifurquer vers Laroles, où est également indiqué le col de la Ragua, ou bien de poursuivre vers Ugijar comme prévu initialement. L’ascension du col est tentante, je vérifie la route sur mon téléphone et constate que je devrais pouvoir arriver à Grenade moyennant quelques kilomètres supplémentaires. J’attaque alors l’ascension du col de la Ragua, culminant à 2000m, qui s’étale sur 25 kilomètres. J’ai un peu moins de 500m de dénivelé, sur une petite dizaine de kilomètres à franchir pour rejoindre le camping de Laroles : j’ai besoin d’une douche après ces derniers jours d’itinérance. Les virages s’enchaînent et je sens peu à peu mon niveau d’énergie décroître. Je m’arrête à mi-chemin manger une pâtisserie achetée à Dalias, bien sucrée, qui tombe à point. Je poursuis encore sur deux kilomètres et m’arrête à nouveau me gaver de raisins sur des vignes en bordure de champs d’oliviers le long de la route.

Vue sur la « sierra nevada » durant l’ascension vers « Laroles »

J’arrive enfin à Laroles, que je dois traverser, toujours en pente, pour rejoindre le camping en sortie du village. J’atteins enfin le camping qui me fait très bonne impression, bien mieux que le dernier que j’ai fréquenté jusqu’ici à Montpellier. Il est divisé en plusieurs zones, une zone de campement boisée avec un beau gazon vert, une zone avec des bungalows, une zone de camping plus gravillonneuse à côté de la réception. Il est aussi muni d’une piscine, un bar et un restaurant qui viennent de fermer en cette fin de saison. J’appelle le numéro indiqué sur la cabane de la réception qui a fermé juste avant que j’arrive. Le gérant du camping très sympathique me reçoit, il me demande mon trajet et m’indique ses coins préférés sur le chemin que j’entreprends de suivre. Je pars m’installer dans la zone de camping plus sauvage et tranquille avant de prendre une bonne et longue douche me permettant de laver en même temps ma tenue de cycliste. Je remonte étendre mes affaires et prendre de quoi manger et écrire. Je redescends sur la terrasse du restaurant pour me restaurer et profiter d’internet.

Restauré, je ne m’attarde guère et m’effondre dans mon hamac à la fraîcheur de l’air montagneux, nous sommes à 1100m d’altitude.


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