10 septembre 2022,
Réveil dans un décor paradisiaque, sous les eucalyptus non loin de la plage de los Genoveses, encore déserte à cette heure-ci. L’émerveillement retombe rapidement devant mes deux pneus à plat. Je commence donc ma journée une fois de plus par coller des rustines sur mes chambres à air en me servant de la mer pour identifier les trous de la chambre.
Je me mets finalement en route. Je m’arrête observer la vue depuis la dune de la plage de Monsul que l’on m’avait également recommandée. Cette partie du parc est magnifique. Je poursuis sur une portion de piste fermée par un portail où seuls les vélos peuvent passer.

Un couple de motards en BMW tentent le passage et me dépassent un peu plus loin lors de l’ascension de ce sentier de « la vela blanca » (bougie blanche). Je croise un cycliste en VTT dans l’autre sens avec qui j’échange ; c’est un ancien, retraité depuis peu, il est parti d’Alméria ce matin et se dirige vers San José. Il est très intéressé par ce que je fais. Nous échangeons nos contacts, je lui donne l’adresse de mon blog et lorsque je lui dis que cela fait 5 jours d’affilée que je crève, il me propose des rustines qu’il a avec lui puisqu’il ne m’en reste plus qu’une petite et une grande. Il me donne également des fruits secs et un peu d’eau, car je suis bientôt à cours. Il habite à Roquetas de Mar et me dit de ne pas hésiter à le contacter si je rencontre un quelconque problème.


Je poursuis et rejoins la fin de la piste. Le chemin étant jonché de gros graviers, le passage nécessite de pousser sur quelques mètres. Je dépasse la motarde qui attend son compagnon parti en éclaireur constater si le chemin est plus praticable et le passage possible. Arrivé à sa hauteur, je lui dis que le VTT m’a dit qu’il ne passerait probablement pas et il me confirme que c’est bien le cas. Il commence à faire demi-tour mais la moto à l’arrêt termine dans le fossé. J’essaye de l’aider à la sortir de là, mais l’engin est beaucoup trop lourd et impossible à déplacer. Deux gaillards nous ayant aperçus au loin où commence la route de l’autre côté du portail, viennent nous aider à sortir la moto du fossé, ce que nous parvenons à faire. Le motard n’est pas pour autant tiré d’affaire puisque sa moto ne daigne plus démarrer. Je poursuis alors mon chemin et franchis sans encombre l’étroit passage dans le muret au point culminant de la « punta negra ». Je profite du paysage un moment puis descends vers le phare de Cabo de Gata. J’observe à nouveau la vue et poursuis jusqu’au village de Cabo de Gata après des kilomètres de plage ininterrompue. Je m’arrête déjeuner dans un restaurant où je goûte au « gallo pedro » ou Saint-Pierre en français, un poisson de la région réputé très bon.
Je laisse passer le soleil qui tape dur aujourd’hui en écrivant un moment puis par une baignade et un aller-retour à la bouée jaune. Je longe la côte jusqu’à rejoindre Almeria où je ne m’arrête sur le front de mer que pour jouer à faire le poirier, imitant une statue de bronze. Je décide de poursuivre et de rejoindre Roquetas de Mar, où habite Antonio, le VTTiste rencontré le matin. Je passe une zone de route nationale un peu fréquentée, mais heureusement courte avant d’atteindre Aguadulce. Après quelques centaines de mètres le long du front de mer, je tombe sur une cahute vendant des jus de fruit frais, des milk-shakes mais surtout du wassaï (ou açaï pour les non Guyanais) ! Je m’arrête pour un bol composé de différents fruits complétés de céréales.
Content de ce petit plaisir, je poursuis heureux en direction de Roquetas de Mar. Arrivé à Roquetas de Mar, je me mets en quête d’un lieu où dormir, il est déjà presque 20h et la ville semble relativement dense et peu compatible avec une nuit de bivouac. Je constate sur ma carte que des plages plus sauvages semblent se trouver après un quartier résidentiel de la ville. Je contacte Antonio, le cycliste rencontré dans la matinée, pour l’informer que je suis arrivé en ville. Je sens alors que ma roue arrière semble molle. Je m’arrête et constate que j’ai encore crevé, trouvant immédiatement le coupable, un morceau de plante épineuse logé dans le flan de mon pneu. Je commence alors à vraiment être fatigué de tous ces soucis techniques, il est tard, je n’ai pas encore trouvé d’endroit où dormir et je suis fatigué. Je me lance une énième fois dans la réparation de ma chambre à air. Bon nombre de gens passent devant moi, je me fais la réflexion que l’indifférence des passants est triste, je m’imagine alors ce que peuvent ressentir les mendiants que l’on ignore ou fait semblant de ne pas voir. Seul un Belge s’arrête et me demande si j’ai besoin d’aide. Je lui dis que mon souci principal est de trouver un endroit où dormir et éventuellement me ravitailler en chambres à air et rustines. Il connaît le coin venant en vacances dans la zone depuis de nombreuses années. Il m’indique, comme je le pensais, qu’après le quartier que je traverse, je devrais pouvoir trouver un endroit sur la plage. Le vélo enfin à nouveau sur pied, je me dirige vers la plage que je parcours un moment, avant de trouver un endroit qui me paraît correct : elle semble fréquentée par des véhicules aménagés en couchettes ainsi que par des pêcheurs qui continuent de s’installer. Je mange sur un morceau de plage qui me paraît correct puis m’allonge pour dormir. J’échangerai une dernière fois par message avec Antonio pour lui demander s’il souhaite que nous nous rencontrions demain. Au bout de quelques minutes j’entends une voiture se garer non loin de la plage puis des hommes s’affairer : ce sont des pêcheurs qui sont en train de s’installer suffisamment proches de moi pour que je les entende. Je déplace alors mon vélo et mon tarp pour m’installer un peu plus sur la plage et plus proche de la mer pour ne pas être dérangé par les quelques moustiques qui peuplent la zone.