17 août 2022,
11h15 on me réveille après une nuit d’environ 2 heures. Nous devrions déjà avoir quitté l’appartement. Je n’ai eu aucun moment pour ranger mes affaires. Les filles avaient déjà assemblé leurs affaires et sont rapidement prêtes à s’en aller. Je salue également Elizabeth et Marina, des amies de Yolanda qui ont dormi à l’appartement n’ayant pas de logement pour la dernière soirée du festival de forro. C’est une joyeuse surprise puisque j’ai passé de jolis moments de danse avec elles, notamment avec Elizabeth, une Espagnole de Toulouse, avec laquelle j’ai plus eu l’occasion de danser.
Yolanda me présente le reste de nourriture, toujours dans le réfrigérateur, en me disant de tout prendre pour le voyage dont une pizza toute prête à cuire qu’elles me suggèrent de passer au four le temps de ranger mes affaires afin de l’emporter pour le repas du midi. Les filles partent toutes en même temps et me disent qu’il suffit que je laisse la clef à l’intérieur quand je partirai. Sans trop me précipiter afin de ne rien oublier, j’arrive à quitter l’appartement pour 12h15.
Je me dirige alors immédiatement vers une plage à une quinzaine de kilomètres au sud de Valencia où Rachel, une grande brésilienne rencontrée, à la soirée forro du lundi m’a proposé de la rejoindre pour un bout d’après-midi. J’arrive sur place pour 13h et ne parviens pas à la contacter immédiatement. Je m’installe donc sur la plage pour manger ma pizza coupée en morceaux en vrac dans un sac plastique. Elle finit par m’appeler puis me rejoint sur la plage alors que je l’attends en prenant un bain de mer. Je suis frappé par son teint beaucoup plus clair que dans mes souvenirs. C’est l’effet combiné de l’ambiance tamisée et de la robe d’un jaune clair qu’elle portait ce soir-là. Nous passons un super moment à échanger tantôt dans l’eau, tantôt sur la plage.
Elle s’intéresse beaucoup à l’alimentation et aux supers aliments, elle m’apprend par exemple que le fait de cuire les champignons active certaines molécules relevant les plats et que le simple fait de frotter énergiquement de fins morceaux entre les mains lubrifiées à l’huile d’olive suffit à les cuire. Elle me propose une boisson énergisante de sa composition constituée de nombreux épices dont un peu de café qui est tout à fait agréable à boire malgré cet ingrédient qui m’est généralement désagréable. Elle s’intéresse également aux plantes, utilisées par les Amérindiens d’Amazonie, elle me propose l’application d’un collyre qu’elle transporte avec elle : la sananga. Il s’agit d’un collyre parfois utilisé en complément lors d’une cérémonie pour la prise d’Ayahuasca encadrée par un shaman. Ce collyre, réalisé à partir de la Tabernaemontana undulata, peut être pris seul, à raison d’une goutte dans chaque œil, fermé à l’application, que l’on ouvre simultanément afin que la substance entre en contact avec les deux globes en même temps. Il s’ensuit une sensation de brûlure assez forte pendant plusieurs minutes, finissant par s’estomper jusqu’à disparaître. Il apparaît que la substance a un léger effet psychotrope venant de la présence d’Ibogaine qui augmenterait l’acuité visuelle et apporte une clarté d’esprit. Elle est utilisée par les Amérindiens afin d’être plus efficaces à la chasse. Je ne ressens pas d’effet particulier si ce n’est une tranquillité d’esprit, déjà relative suite au festival. Ce collyre a pour réputation de nettoyer l’œil de bon nombre de bactéries et impuretés. Il semblerait qu’il prévienne aussi certains maladies oculaires et parviendrait parfois à curer certaines affections là où la médecine standard échoue.
L’heure est venue pour elle de s’en aller. Je me remets alors en route plein d’énergie, peut-être apportée par la boisson énergisante maison. Je reprends la route en direction du sud aux alentours de 16h, je pense rejoindre Dénia le lendemain. J’envisage toujours la possibilité de l’atteindre dans la journée, mais vu la courte nuit et les 90km à parcourir, j’en doute fort. Je commence par traverser une réserve longeant la côte au milieu de pins maritimes épars. Au sortir de celle-ci, je rencontre un cycliste en VTT qui semble aussi voyager sur de longues distances, moins encombré d’affaires que moi. Il va à Cullera qui se trouve à une bonne vingtaine de kilomètres de notre point de rencontre. Il est parti de Madrid et suit un chemin connu qui part de (recherche)… Il est parti depuis 8 jours et en a 10 à disposition. Il profitera des derniers avec ses amis de Cullera qui l’attendent. C’est pour cela que l’homme est animé d’un bon rythme, pressé d’arriver. Il me salue en pensant rouler plus vite que moi mais je lui emboîte le pas et nous partagerons ce bout de trajet ensemble tout en continuant d’échanger. Nous nous prenons mutuellement en photo en route et je suis content de partager ce morceau de route avec lui. Il me dit avoir fait plusieurs voyages de ce type de durée avec des amis, allégeant à chaque fois un peu plus son paquetage de l’équipement superflu. Ce trajet est son premier en solitaire. Il apprécie l’expérience qu’il compte réitérer plus tard.


Arrivés à Cullera, il me propose de m’arrêter pour une bière que j’accepte volontiers. Nous finissons par trouver un bar ouvert où nous nous installons. Il m’offre une radler, une bière au citron que l’on retrouve fréquemment en Espagne. En lui parlant de mes expériences passées, je pense à la conserve de Bonito qu’il me reste et qu’il faut que je consomme avant qu’elle ne tourne. Je vois là une belle occasion de la partager et de lui faire découvrir. Il accepte un morceau qu’il trouve excellent. Je lui parle de mon idée de rejoindre Dénia et finis par prendre la décision de rejoindre la ville. Je décide donc de ne pas trop m’attarder et de reprendre la route. Il me donne alors un pins du chemin qu’il a suivi et je décide alors de lui remettre le collier de ruban arc-en-ciel du festival de forro que j’ai alors gardé avec moi.

Je reprends la route, toujours plein d’énergie, je passe manifestement à travers la pluie qui a mouillé une bonne portion de route entre Cullera et Dénia, puis je finis par atteindre mon objectif à 21h. Je retrouve Rocio qui m’attendait de pied ferme. Je rentre le vélo dans la résidence, monte découvrir le petit appartement, me douche et partage un repas simple que Rocio a préparé en sortant une dernière fois la conserve de Bonito que nous terminerons cette fois-ci. La soirée se termine par une petite balade sur la plage jusqu’à ce que mon corps m’indique qu’il est maintenant temps d’aller dormir.
