La Rapita – Alcossebre


6 août 2022,

Je découvre l’endroit où je me suis endormi la veille, proche d’un chemin de pierres dans une forêt de pin et chênes liège. Je range mes affaires et me mets en route. J’ai remarqué que sur cette portion de trajet j’ai le choix entre la nationale qui, je l’ai remarqué pendant la nuit, semble bien roulante, et un chemin dont je ne connais pas l’état. Je décide de tenter ma chance du côté du chemin. Je rejoins un chemin encore un peu plus large et en meilleur état et tombe sur un trio de marcheurs. Je leur demande si mon idée de rejoindre Alcanar par la montagne est faisable. Ils me disent qu’il y a bien un chemin qui part dans cette direction, mais que le passage semble compliqué. Au même moment une voiture passe et s’arrête, c’est un couple de marcheurs qui va stationner plus loin et qui va également marcher dans le coin. Ils connaissent mieux la zone et disent que mon idée est possible, ils ont déjà fait le trajet en VTT. Je décide donc de tenter le passage et de suivre le trio de marcheurs qui part dans la même direction. Je commence par engager ma bicyclette entre deux murets dont la largeur me permet juste de passer, puis je m’engage sur un chemin assez large pour les marcheurs relativement roulant. Cependant il se transforme rapidement en un chemin très accidenté de pierres de la montagne mais qui me semble surmontable. Je ne rattrape plus les marcheurs, plus rapides que moi dans ces portions impraticables.

Chemin de VTT accidenté

Je finis par croiser des cyclistes en VTT qui vont dans l’autre sens me disant que j’ai passé le plus dur. Je décide donc de poursuivre. Le chemin est effectivement plus praticable mais reste globalement très accidenté. Je traverse une cimenterie où ronflent ses grosses machines. La végétation est évidemment dégagée à cet endroit et me permet d’observer la mer.

La mer et la cimenterie
Petite et grosse mécanique en pleine nature

Je continue et passe derrière un énorme poulailler dont on sent l’odeur pas forcément agréable à quelques centaines de mètres à la ronde. Après un long moment à crapahuter sur ce chemin je croise un couple juste avant l’ascension d’un petit mont. Je discute un peu avec eux et me remets en route refusant leur aide qui ne me semble pas nécessaire. Après une cinquantaine de mètres, je découvre le profil de la pente à franchir et regrette mon refus : il s’agit d’une montée de grosses pierres à flanc de colline se présentant sous la forme de grosses marches. Je m’engage dans la pente tant bien que mal et finis par arriver au sommet. Je redescends le mont que je viens de passer par un morceau de chemin moins accidenté se terminant dans des plantations d’orangers où je retrouve rapidement la route.

Il est encore tôt et j’arrive aux plages d’Alcanar. Je n’ai pas déjeuné et suis encore sale de la veille. Je m’arrête à une plage qui me plaît bien et commence par m’immerger dans la mer avant de retourner me laver à une douche mise à disposition le long de la plage. Je profite de l’endroit pour un déjeuner d’amandes fraîches et de nectarines que j’ai encore en stock. Je m’adonne à quelques étirements et positions de yoga avant de retourner faire quelques brasses jusqu’à une bouée au large à quelques centaines de mètres de la plage. En revenant je discute avec un retraité grenoblois barbotant tranquillement ; je retourne ensuite à la plage, me rince à nouveau et me remets en route.

En repartant je m’arrête chez un primeur et décide de prendre des avocats produits à Malaga ainsi que de grosses tomates roses que j’observe dans les étalages depuis que je suis en Espagne ainsi que quelques fruits. Je repars en direction d’Alcanar pour me diriger vers l’intérieur et éviter la côte roulante. Passé Alcanar, je me dirige vers Ulldecona ; après le mont qui sépare les deux villes, je m’arrête dans une plantation d’orangers discuter avec les maraîchers qui me déconseillent de passer par l’intérieur à vélo, puisque ce sera bien plus difficile et aussi roulant qu’en passant par la nationale : l’autoroute est maintenant gratuite et une grosse partie du trafic passe désormais par celle-ci, désengorgeant la nationale où je ne devrais pas croiser de camions.

Vue depuis les monts d’Alcanar

Je rebrousse donc chemin et me dirige vers Vinaros. Sur une route de campagne, je me fait dépasser par un peloton de cyclistes qui s’écrit « venga ! » en me dépassant, que l’on traduirait ici par « allez ! ». Je décide de jouer à essayer de les suivre. Il se trouve que j’arrive à attraper la roue de la queue du peloton et que le profil bas de mon vélo me permet de profiter pleinement de l’aspiration du groupe. Je force légèrement mais n’éprouve pas de réelle difficulté à suivre. Je ne sais pas à quel vitesse nous nous déplaçons, mais je pense que l’on doit s’approcher des 40km/h. Nous rejoignons après quelques kilomètres la nationale où je continue de les suivre et me sens plus en sécurité que seul. Nous passons Vinaros puis Benicarlo, et arrivons à Peniscola où je finis par les abandonner après avoir repéré un restaurant en bord de mer qui paraît bien. J’ai dû suivre le groupe sur une bonne quinzaine de kilomètres et m’étonne de la performance que j’aurais pu pousser plus loin mais j’ai aussi pour idée de profiter des endroits que je traverse.

Je m’installe au restaurant et commande un plat de pâtes aux fruits de mer qui m’étonnera par sa variété et sa qualité gustative. Je me pose un moment pour écrire puis profite de la plage pour de nouvelles brasses avant de repartir à nouveau vers la nationale, cette fois-ci seul. Je traverse une zone entre deux montagnes et finis par trouver une petite route qui sort de la nationale et longe des champs d’amandiers. J’en trouve un qui me semble abandonné, je décide donc de privilégier celui-ci pour ma collecte. Je goûte une amande et comprends qu’il est abandonné puisqu’il s’agit d’amandes amères. Leur arrière-goût puissant est très bon et intéressant, surtout pour parfumer des pâtisseries, mais l’amertume le précédant est tout de même assez forte. Je décide donc de me servir sur une parcelle probablement exploitée.

Spaghettis aux fruits de mer

Une petit réserve en poche, je repars vers Alcala de Xivert où je trouve une route agréable qui longe la nationale et m’amène où je pense passer la nuit : Alcossebre. Sur la route je croise un homme qui monte dans sa voiture puis me dépasse et s’arrête à nouveau un peu plus loin. Je m’arrête donc et découvre qu’il collecte des « cana », sorte de cannes à sucre que l’on retrouve fréquemment dans le paysage espagnol, qu’il utilise, comme on le faisait traditionnellement, comme tuteur pour ses tomates. Il me montre qu’il fait une structure avec trois morceaux attachés en tipi pour supporter un plant de tomates. Je lui demande s’il connaît un endroit où je pourrais dormir à Alcossebre et il m’indique le chemin d’une réserve où je devrais avoir des arbres pour attacher mon hamac. Il y est interdit de camper, mais une nuit caché dans les arbres ne devrait pas gêner.

Je rejoins rapidement Alcossebre me délectant du vent de la côte sur ma peau en descendant vers la ville. Je m’arrête à une fontaine au bord d’une plage remplir ma réserve d’eau. La plage fourmille de gens, dans l’eau, sur la plage, assis au bar de la plage, plus ou moins vêtus. Je continue mon chemin vers le parc qui se trouve plus loin le long de la côte. La route finit par se transformer en piste. J’hésite à m’arrêter pour manger, mais il est un peu tard et je ne veux pas avoir à monter mon hamac de nuit. Ayant un reste de pain au noix de Vals, des tomates, des avocats et des fruits, je décide que cela suffira comme repas. Arrivé au bout de la piste, je tombe sur un petite calanque très fréquentée. Je continue sur le chemin qui me rappelle mon début de journée, mais tout de même bien moins accidenté et bien plus large. Après quelques dizaines de mètres je tombe sur la plage de Serradal. Je ne trouve que quelques personnes sur la plage de galets qui s’étale sur bien 200m de long. Je trouve l’endroit sympathique et recherche à proximité un endroit où installer mon hamac. Je tombe sur un petit layon s’écartant du chemin qui longe les roches de la côte menant à une sorte de petite clairière où je trouve deux pins suffisamment écartés pour accueillir mon hamac. Après avoir enlevé les branches mortes gênantes, j’installe mon hamac et me réjouis d’avoir dégoté un si bel endroit pour passer la nuit. Je rassemble de quoi pique-niquer, me faire un apéro et ma petite enceinte pour une petite ambiance musicale. Je me prépare un verre d’antésite dans une tasse, puis j’entame une grosse tomate qui doit faire à elle seule au moins 500g ainsi que deux avocats. Une fois terminé je brise la coque des amandes que j’ai collectées le long de la route avec des pierres, au rythme tranquille de Bob Marley. Je décide ensuite de les tremper dans le miel au romarin que j’ai avec moi. Un goût particulier me vient en tête, je suis en train de manger du nougat à l’état brut ! La chose étant particulière appétissante et addictive j’ai du mal à arrêter de tremper les amandes dans le miel. Je profite enfin du coucher de soleil et d’un petit bain de mer avant de me coucher.

Meilleur spot de bivouac à ce jour

Une réponse à “La Rapita – Alcossebre”

  1. Hello Fabrice
    J’ai bien apprécié d’entendre ta voix.
    Continue bien.
    Grâce à toi je visite l’Espagne que je ne connais pas

    A bientôt
    Marraine

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